Les Québécois devraient constater une amélioration de certains services en santé, mais ils pourraient aussi avoir plus de difficultés à joindre les deux bouts après le dépôt du budget Marceau mardi, ont indiqué différents intervenants.

Le milieu des affaires, quant à lui, semble y trouver son compte même si certaines préoccupations persistent.

Dans un premier temps, l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESS) n'hésite pas à parler d'un effort extraordinaire de la part du gouvernement, se félicitant notamment que le secteur de la santé puisse profiter d'un financement prévisible jusqu'en 2017-2018.

La présidente de l'organisme, Lise Denis, a toutefois prévenu que chacun devra y aller de son effort, rappelant que le coût des médicaments est en hausse de 12% et que le poste budgétaire consacré aux salaires des médecins est quant à lui en progression de 10%.

«Il va falloir que chacun assume son karma», a-t-elle dit, tout en soulignant que le gouvernement a pris des mesures - notamment l'abolition de la règle des 15 ans - qui devraient abaisser le coût des médicaments.

Elle se réjouit également que le gouvernement péquiste ait débloqué 273 millions $ pour les services à domicile, ce qui devrait constituer l'amélioration la plus notable au cours des prochains mois.

La présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Louise Chabot, est par contre moins optimiste.

«C'est à peine avec ces taux de croissance-là qu'on va réussir à maintenir les services. On continue à faire la lecture que l'éducation et la santé représentent une dépense plutôt qu'un investissement dans l'économie. Ça nous déçoit énormément», a-t-elle déploré.

Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a salué un budget qui, selon lui, démontre que «le Québec est un environnement attrayant où investir».

«Le ministre (a tenu) compte des préoccupations exprimées par le milieu des affaires quant au contrôle des finances publiques et à la mise en oeuvre de conditions propices à l'investissement, ce qui mérite d'être souligné», a dit le président du Conseil, Yves-Thomas Dorval.

Le CPQ a applaudi le congé fiscal accordé aux grands projets d'investissement et la prolongation du crédit d'impôt à l'investissement jusqu'en 2017, mais il s'est inquiété de constater que les impôts de certains contribuables augmenteront et que l'annulation de la hausse des droits de scolarité universitaires est maintenue jusqu'au Sommet sur l'enseignement supérieur.

La hausse des tarifs d'Hydro-Québec, même si elle est moins importante que prévu, et les 2000 emplois qui seront abolis par attrition au sein de la société d'État au cours de la prochaine année ont également fait réagir.

Le porte-parole de l'Union des consommateurs, Philippe Viel, a affirmé qu'Hydro-Québec a débranché 55 000 clients en 2011 et que la société doit composer avec des comptes en souffrance qui totaliseraient 1 milliard $.

«Avec le coût de l'essence qui augmente et le coût du panier d'épicerie qui augmente, de demander aux consommateurs de payer encore plus, c'est quelque chose qu'on n'accepte pas, a-t-il lancé. On refile la facture aux consommateurs au lieu d'aller chercher de l'argent auprès des entreprises.»

La réduction de la main-d'oeuvre d'Hydro-Québec inquiète par ailleurs la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), qui craint qu'on ne soit en train de mettre la table pour des problèmes futurs.

«Deux mille emplois de moins à Hydro-Québec, ça pourrait vouloir dire que notre réseau hydroélectrique va commencer à ressembler à ce que notre réseau routier est devenu à travers les années, a dit le président de l'organisation syndicale, Michel Arsenault. À force de couper au ministère des Transports, on sait ce qui est arrivé avec les routes du Québec. Il ne faudrait pas faire cette erreur-là.»

Philippe Viel, de l'Union des consommateurs, a ensuite déploré que le budget ne contienne pas de nouvelles mesures pour augmenter les revenus des consommateurs, rappelant que 38% des Québécois gagnent moins de 20 000 $ par année.

M. Viel s'est cependant lui aussi réjoui de l'abolition de la règle des 15 ans, qui voyait le gouvernement rembourser le coût d'un médicament d'origine même si une option générique moins dispendieuse était disponible.

«Mais on aurait pu aller beaucoup plus loin là-dessus, a-t-il dit. Le Québec paye ses médicaments 38% plus cher que les autres pays de l'OCDE.»