Avec ses chaussures neuves, le ministre des Finances Nicolas Marceau présentera aujourd'hui un budget fidèle à une autre tradition budgétaire québécoise: il contiendra de bonnes et de mauvaises nouvelles pour les contribuables.

La meilleure nouvelle est certainement que le fardeau fiscal ne sera pas augmenté de façon rétroactive, comme le gouvernement de Pauline Marois avait sérieusement songé à le faire, avant de reculer devant le tollé que son intention a provoqué.

La plus mauvaise, c'est que des hausses d'impôt sont au programme, même si les Québécois sont déjà les contribuables les plus taxés du Canada.

L'augmentation d'impôt qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2013 frappera les nantis, a déjà fait savoir le gouvernement. Les Québécois qui déclarent des revenus de 100 000$ et plus seront imposés à un taux de 25,75%, soit 1,75 point de pourcentage de plus.

Avec cette hausse, le taux marginal d'impôt combiné de cette catégorie de contribuables passera à 49,97%, tout près du seuil de 50% considéré comme critique pour la pérennité d'un régime fiscal.

En plus de cette hausse d'impôt, les contribuables les plus riches verront augmenter leur contribution santé pour l'année 2013. Après avoir promis de l'abolir, le gouvernement Marois a décidé de conserver cette contribution qu'il avait tant décriée. Cette surtaxe, qui est actuellement de 200$ pour tous, deviendra plus progressive en 2013. Environ 900 000 contribuables parmi les moins nantis en seront exemptés. Les autres devront débourser de 100$ à 1000$ par année, selon leurs revenus.

Ces modifications à la taxe santé ne changeront probablement rien pour une bonne partie des contribuables, ceux de la classe moyenne, qui devraient continuer de payer la même somme de 200$.

Élimination du déficit

Pour respecter son engagement de retourner à l'équilibre budgétaire, le ministre des Finances aura besoin de réduire les dépenses et d'augmenter les revenus. Il n'est pas exclu qu'il explore la voie des tarifs, droits et autres permis qui viennent souvent au secours des gouvernements en quête de nouveaux revenus.

Les nouvelles ponctions de ce type, s'il y en a dans le budget, seront probablement modestes, s'il faut en croire le ministre des Finances. «Les contribuables ont déjà fait un très gros effort», a dit Nicolas Marceau hier en parlant des sacrifices qui sont encore nécessaires pour éliminer le déficit comme prévu en 2013-2014.

Même s'il doit trouver 1,6 milliard pour respecter cet engagement, il serait étonnant que le gouvernement Marois conserve l'augmentation des tarifs d'électricité prévue par le précédent gouvernement. Cette hausse du tarif patrimonial, qui devait rapporter 1 milliard de dollars, sera annulée, a promis l'équipe Marois en campagne électorale.

QUI PAIERA LA NOTE

6,2 millions de contribuables au total

3,9 millions sont imposables (64%)

2,2 millions ne sont pas imposables (36%)

253 200 ont un revenu de 100 000$ et plus (4,1%)

2400 ont un revenu de 1 million et plus (0,04%)

Source : Revenu Québec