Quelque 32 390 emplois directs dans les mines et 30 752 autres indirects. C'est l'évaluation de l'impact prévu de l'activité minière pour la période 2011-2015.

Ces chiffres sont tirés d'un rapport de Deloitte et d'E&B Data, publié en septembre dernier, pour le compte de Minalliance, regroupement constitué d'associations minières et d'entreprises du secteur.

Si les données que l'on trouve dans ce rapport diffèrent de celles du rapport préparé par Secor pour le gouvernement du Québec, c'est, on s'en doute, parce que les méthodologies diffèrent.

Ce que confirme le président d'E&B Data, Jean Matuszewski. «Pour les emplois indirects, nous incluons l'impact sur l'industrie de la construction, ce qu'omet le rapport du gouvernement québécois. Ces gens qui construisent les mines représentent, pour nous, la moitié des emplois directs. Ce n'est qu'un exemple des différences de méthodes.»

Autre différence, l'étude Deloitte E&B Data fait des prévisions sur les cinq prochaines années, tandis que l'étude menée pour le gouvernement essaie de voir dans sa boule de cristal aussi loin que dans 25 ans.

«C'est de la fiction, estime Alain Poirier, directeur de projet pour l'Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ). Dans le minier, trois ans, c'est une éternité. Juste pour vous en donner un exemple, l'année 2008-2009 a été terrible pour le financement boursier des juniors, les sociétés à la phase d'exploration. Puis on s'est dit qu'avec la remontée du prix des matières premières, 2012 serait formidable. Or, cette année a été aussi catastrophique que 2008. Allez savoir! Alors 25 ans...»

Par ailleurs, il est aussi difficile d'obtenir des données séparées pour l'exploration et l'exploitation minières. «Ça ne semble pas raisonnable de les séparer, soutient Jean Matuszewski. Les dollars investis dans l'exploration font partie de la même chaîne de valorisation que ceux placés au stade de l'exploitation.»

Fiscalité, redevances, etc.

Le dernier budget Bachand, celui pour 2012-2013, prévoit des dépenses d'exploration minière de 763 millions pour 2012. C'est une hausse énorme par rapport aux années précédentes: ces dépenses étaient de 103 millions en 2001 et de 476 millions en 2007. Toujours d'après le budget Bachand, ces investissements créent ou maintiennent 2200 emplois directs au stade de l'exploration.

Ces dépenses d'exploration (19 sociétés d'après l'étude Deloitte E&B Data) mènent parfois à des découvertes économiquement rentables et à des mines en bonne et due forme. Et rentable égale taxable.

Selon Deloitte et E&B Data, en 2010, les minières ont versé 349 millions en droits et impôts. À cela s'ajoute l'impôt sur la masse salariale de 183 millions. Les autres taxes totalisent 38 millions. En enlevant les crédits d'impôt payés aux minières (134 millions), on arrive à un premier total de 570 millions de revenus pour l'État.

Ajoutons maintenant l'impôt payé par les employés des minières, les taxes de vente et la parafiscalité (RRQ, CSST, etc.) et on met 993 millions de plus dans les coffres étatiques, dont 724 millions pour le Québec.

L'étude Deloitte E&B Data croit que ces revenus fiscaux atteindront en moyenne annuellement 1,5 milliard entre 2011 et 2015. Cette moyenne grimpe à 1,7 milliard pour 2012-2016. La boule de cristal Deloitte E&B Data ne voit pas au-delà de cet horizon.

En septembre dernier, PwC a rendu publique une étude comparative sur la fiscalité des minières au Canada, province par province. On y lisait que les minières québécoises versaient au fisc 40,9% de leurs profits contre seulement 35,5% en Saskatchewan et 29,8% en Ontario. On ne peut que très difficilement nous taxer de passoire fiscale.

Il y a aussi les redevances que les minières paient au gouvernement du Québec. Le dernier budget Bachand les mesurait à 365 millions de dollars en 2011-2012 et à 400 millions à partir de 2015.

Enfin, les droits miniers, estimés à 300 millions en 2010, atteindraient 400 millions pour 2011-2016, selon Deloitte E&B Data.

Richesse collective

Les quelque 9,6 milliards investis annuellement (2011-2016) par les minières auront une importante contribution au produit intérieur brut (PIB) du Québec. Deloitte et E&B Data l'évaluent à 6,2 milliards de 2011 à 2016. Cette contribution était de 3,6 milliards en 2010. Elle se compose principalement des revenus bruts des travailleurs et des excédents d'exploitation des minières.

L'étude Secor est plus optimiste. Elle évalue la contribution au PIB des minières québécoises à 5,9 milliards annuellement, c'est-à-dire 1,8% de valeur ajoutée au PIB. Autre méthode, autre résultat.