Les ministres des Finances de la zone euro se réunissaient lundi pour tenter de résoudre plusieurs casse-tête, alors que le temps presse pour l'Espagne, mais aucune décision majeure n'était attendue.

«L'ordre du jour est plutôt rempli, mais il ne faut pas s'attendre à des décisions formelles», a averti un haut responsable de la zone euro avant la réunion, qui a commencé vers 15h00 GMT (10h00 à Montréal) de l'Eurogroupe.

Après un bref répit, le coût d'emprunt de l'Espagne s'envole à nouveau. Lundi, le taux espagnol à 10 ans était repassé au-dessus des 7%, un seuil intenable à long terme.

C'est pourquoi la zone euro doit «aller vite» pour traduire en actes les décisions du sommet des 28 et 29 juin, notamment la supervision bancaire intégrée afin d'ouvrir la voie à la recapitalisation directe des banques espagnoles, a déclaré le ministre français des Finances Pierre Moscovici à son arrivée à Bruxelles.

La réunion devrait aboutir à «un accord sur un cadre contraignant et un calendrier» sur le programme d'aide à l'Espagne, a affirmé le ministre allemand Wolfgang Schäuble. Mais cet accord sera signé lors d'un nouvel Eurogroupe le 20 juillet, a complété son homologue espagnol Luis De Guindos.

La zone euro a mis sur la table une enveloppe pouvant atteindre 100 milliards d'euros, assortie de conditions portant, selon le ministre, sur le niveau de fonds propres des banques et la transparence. Mais le montant précis de l'aide ne sera pas connu lundi car «il faut identifier les besoins banque par banque», a souligné un haut responsable européen.

Reste aussi à lever toute ambiguïté sur les modalités de la recapitalisation directe des banques par le fonds de sauvetage de la zone euro, le MES. Le débat ne semblait pas clos lundi sur la nécessité que les États apportent ou non leur garantie.

Le flou persiste aussi sur le calendrier. «Le MES ne sera pas prêt pour recapitaliser les banques d'ici la fin de l'année, mais nous allons aussi vite que possible», s'est borné à dire le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi lors d'une audition devant le Parlement européen.

Sur un autre front, les 27 s'apprêtent à accorder mardi à l'Espagne un an supplémentaire, jusqu'en 2014, pour ramener son déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB), a annoncé à l'AFP une source européenne.

Lundi, les ministres de la zone euro examinent aussi la situation de la Grèce, qui a reçu la semaine dernière la visite de la «troïka» des créanciers publics (UE, BCE et FMI), après la suspension des réformes pour cause d'élections.

Le versement de la prochaine tranche d'aide à Athènes n'aura pas lieu «tant que l'Eurogroupe n'aura pas constaté que le programme est de nouveau sur les rails», a mis en garde une source européenne, qui ne s'attend pas à une décision avant «fin août».

En attendant, le nouveau Premier ministre grec Antonis Samaras a obtenu dimanche un vote du Parlement pour appliquer une politique centrée sur les privatisations.

Les ministres devraient évoquer également les conditions d'octroi d'une aide à Chypre, mais là encore sans prendre de décision.

Ces sujets pourraient être éclipsés par la succession du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la tête de l'Eurogroupe. La décision doit être prise «aujourd'hui», a indiqué l'intéressé à son arrivée au siège du Conseil européen. «Il est indispensable que nous trouvions ce soir un accord», a renchéri M. Moscovici. Il a confirmé le souhait de Paris d'une prolongation du mandat de M. Juncker, qui s'achève le 17 juillet, en attendant une solution plus durable.

Mais son homologue allemand Wolfgang Schäuble, candidat à ce poste stratégique, a douché leurs espoirs. Selon lui, c'est «aux chefs d'État et de gouvernement de trancher».

M. Juncker est d'accord pour rester en place, mais pour une durée limitée et en échange de la nomination d'un autre Luxembourgeois, Yves Mersch, au directoire de la BCE.