L'Espagne a officiellement demandé lundi, sans la chiffrer, une aide financière de la zone euro pour ses banques, marquant le coup d'envoi d'une semaine chargée pour l'Europe qui se retrouvera les 28 et 29 juin en sommet, en pleine crise de défiance des investisseurs.

Le flou qui persiste autour du sauvetage des banques espagnoles --un montant de 100 milliards d'euros au maximum-- a recentré les craintes des marchés sur l'Espagne, au moment où les Européens vont de réunion en réunion pour tenter de déminer la crise.

Lundi, les taux d'emprunt concédés à la quatrième économie de la zone euro repartaient à la hausse, les investisseurs se montrant peu convaincus par la rencontre, vendredi à Rome, entre les quatre poids lourds européens (Allemagne, France, Italie et Espagne), alors que se profile le sommet de Bruxelles.

Vers 09H15 GMT, le taux à 10 ans de l'Espagne remontait à 6,455%. La prime de risque, c'est-à-dire le surcoût payé par le pays vis-à-vis de l'Allemagne, se rapprochait à nouveau de la barre symbolique des 500 points de base (5 points de pourcentage), à 489 points.

Car deux semaines après l'accord de principe conclu sur une aide aux banques espagnoles, qui croulent sous les crédits immobiliers impayés, le montant et les modalités du plan restent à définir.

«Je m'adresse à vous pour solliciter formellement une assistance financière pour la recapitalisation des entités financières espagnoles qui en ont besoin», a écrit le ministre de l'Économie, Luis de Guindos, dans une lettre au président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, publiée lundi.

La semaine dernière, l'Espagne avait annoncé que son secteur bancaire aurait besoin de 62 milliards d'euros dans le pire des scénarios de crise, se basant sur des tests de résistance menés par deux cabinets d'audit, l'allemand Roland Berger et l'américain Oliver Wyman.

Un chiffre bien inférieur pourtant à l'offre européenne, mais aussi aux attentes du marché qui a imposé ces dernières semaines au pays pour se financer des taux insoutenables à long terme, dépassant le seuil historique de 7%.

En dépit de l'urgence, Madrid a confirmé lundi que les discussions sur les modalités du plan d'aide se poursuivraient dans le but de parvenir à un accord avant le 9 juillet, date de la prochaine réunion des 17 ministres de l'Économie de la zone euro.

Le plan pourrait prendre la forme d'un prêt sur plus de 15 ans, «avec des taux d'intérêt compris entre 3% et 4%», a d'ores et déjà annoncé M. de Guindos.

«Tous ces détails sont cruciaux pour qu'une nouvelle positive, c'est-à-dire le déblocage d'un financement pour recapitaliser les entités qui posent problème, se traduise par une modération de la prime de risque», soulignaient lundi les analystes de Renta4.

Mais depuis l'annonce, le 9 juin, d'un accord entre Madrid et ses partenaires européens, rien ne semble pouvoir calmer les attaques des marchés, nombre d'analystes s'inquiétant du risque que ce plan ne suffise pas et doive être suivi d'un sauvetage global de l'économie espagnole.

«Que l'Espagne ait besoin ou non d'un soutien financier global au-delà de l'aide aux banques dépendra de sa capacité à conserver l'accès aux marchés», remarquait Antonio Garcia Pascual, analyste chez Barclays.

«Ceci dépend à la fois des engagements que prendra l'Espagne et, plus largement, de la vitesse à laquelle les décisions européennes évolueront vers une plus grande intégration financière et budgétaire dans les prochains jours et semaines», ajoutait-il.

Car au-delà de la conjoncture, les dirigeants européens sont attendus jeudi et vendredi sur les projets structurels pour relancer l'Union européenne, la chancelière allemande Angela Merkel plaidant pour une «union politique».

Si les investisseurs semblent sceptiques en ce début de semaine, le sommet de Bruxelles pourrait toutefois envoyer des signaux positifs sur le projet d'une union bancaire, qui fait aujourd'hui l'objet d'un large accord.