La priorité du gouvernement espagnol doit être de «retrouver la confiance perdue, car sans elle il ne sera pas possible de renouer avec la croissance et la création d'emplois», a estimé vendredi le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordonez.

«Dans la difficile situation que traverse l'économie espagnole, la variable la plus critique n'est pas, aussi grave soit leur évolution récente, la croissance ni l'emploi, mais la détérioration de la confiance», a déclaré le gouverneur lors d'un discours prononcé à l'occasion de la publication du rapport annuel de l'institution.

L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, est actuellement au coeur des inquiétudes des marchés, qui faisaient pression vendredi pour qu'elle demande au plus vite un sauvetage européen pour ses banques.

«Le bas niveau de confiance auquel nous sommes arrivés ces derniers mois et semaines a rendu plus difficile et coûteuse la résolution des problèmes budgétaires et financiers en Espagne», a souligné le gouverneur.

«Les défis auxquels est confrontée l'économie espagnole sont énormes» et «l'épisode récent de la crise de la dette souveraine a des conséquences très sévères sur la confiance et sur les conditions de financement de l'économie, ce qui la place en situation d'extrême vulnérabilité».

Alors que le pays a renoué avec la récession en début d'année, «nous nous attendons à un recul de l'activité» sur l'ensemble de 2012, a indiqué la Banque d'Espagne dans son rapport annuel, mais «l'on peut espérer qu'en 2013 commencent à apparaître les premières étapes d'une reprise plus durable».

La banque centrale alerte aussi sur les «risques de dérapage» budgétaire en 2012, alors que le pays a déjà dépassé de loin, en 2011, son objectif de déficit (8,9% contre 6% promis), les recettes dépendant de l'efficacité des réformes mises en place, tandis que les dépenses pourraient être plus importantes que prévu, par exemple pour payer les prestations chômage, dans un pays au taux record (24,44%).

M. Ordenez, qui quitte ses fonctions la semaine prochaine, doit être remplacé par Luis Maria Linde.

L'audit des banques d'ici le 21 juin

L'audit indépendant des banques espagnoles sera remis au plus tard le 21 juin au gouvernement, qui calculera ainsi les besoins de capitaux et les nouvelles provisions nécessaires au secteur, alors que le pays est poussé à demander une aide européenne.

«Les résultats de ces travaux (menés par les cabinets allemand Roland Berger et américain Oliver Wyman, ndlr) devront être remis par les consultants au plus tard le 21 juin», ont annoncé la Banque d'Espagne et le ministère de l'Économie.

Un deuxième audit plus approfondi, mené par Deloitte, KPMG, PwC et Ernst&Young, sera lui connu au plus tard le 31 juillet.

Les deux études portent sur 14 groupes bancaires, soit 90% du secteur, qui concentre les inquiétudes en zone euro en raison de sa fragilité, héritée de l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.

Pour le premier audit, les cabinets travailleront sur deux scénarios, l'un de base et l'autre plus sévère, «en ligne avec ceux utilisés par le FMI dans le test de résistance mené dans le cadre du Programme d'évaluation du secteur financier», dont les résultats seront connus lundi.

Le gouvernement espagnol a dit jeudi qu'il attendrait cet audit et le rapport du FMI pour se décider à demander une éventuelle aide européenne pour ses banques.

Avec le premier audit, «nous obtiendrons des ordres de grandeur des besoins du système (bancaire espagnol) pour faire face à un scénario de stress et les groupes d'entités les plus vulnérables à ce scénario», selon le communiqué de vendredi.

Le deuxième audit sera «une analyse individuelle et détaillée des portefeuilles de crédits» de chaque banque.

«La Banque d'Espagne analysera l'information qui découlera de ces travaux et vérifiera et exigera les besoins de capitaux correspondants et/ou les provisions des entités», après avoir déjà demandé au secteur pour plus de 80 milliards de provisions supplémentaires sur 2012, pour se protéger de leurs actifs immobiliers.