La Grèce, qui a fait le choix mardi de nouvelles élections, est venue une nouvelle fois bouleverser l'agenda européen, à quelques heures d'un premier sommet crucial à Berlin entre le nouveau président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel.

«Nous allons de nouveau vers des élections, dans quelques jours et dans de très mauvaises conditions», a affirmé le leader socialiste grec, Evangélos Vénizélos, à l'issue d'une réunion avec quatre autres chefs de partis politiques, convoquée par le chef de l'État Carolos Papoulias. «Les efforts de formation d'un gouvernement se sont conclus sans succès», a dans la foulée confirmé un communiqué de la Présidence.

La réunion de mardi était la dernière chance tentée par M. Papoulias pour constituer un gouvernement «de personnalités» en vue de sortir le pays de l'impasse politique.

La formation de ce «gouvernement oecuménique» était sur la table des négociations mais en raison «du refus du parti de la Gauche radicale Syriza, ce gouvernement n'a pas pu être constitué», a déclaré l'un des participants Fotis Kouvelis, de la Gauche démocratique, à l'issue de cette réunion.

Cette annonce a immédiatement fait chuter l'euro, les Bourses européennes repassant de leur côté dans le rouge après un timide rebond dans la matinée.

Un baptême du feu pour le nouveau président français, le socialiste François Hollande.

Sitôt investi, il est attendu dans l'après-midi à Berlin, pour un premier tête-à-tête avec la chancelière allemande, quelques heures à peine après ce nouvel épisode de la crise grecque. Lors de sa première allocution officielle, il a annoncé vouloir «ouvrir une voie nouvelle en Europe».

Il a aussi promis tout au long de sa campagne de remettre la croissance au premier rang des priorités en Europe, où la zone euro a officiellement échappé, de peu, à la récession, avec un premier trimestre affichant une croissance nulle.

Il a reçu mardi le soutien des États-Unis qui se sont félicités du «nouveau débat sur la croissance en Europe». Washington souhaite depuis longtemps que le Vieux Continent en fasse davantage pour stimuler la croissance.

M. Hollande sera reçu à Berlin vers 18h30 (11h30 à Montréal), «à bras ouverts», a promis Mme Merkel. Les dirigeants des deux principales économies en Europe auront un entretien sur les moyens de relancer la croissance. Ils rendront compte de ce premier tête-à-tête lors d'une conférence de presse prévue vers 19h45 (12h45 à Montréal) avant un dîner de travail.

Aucune décision majeure n'est toutefois attendue. Il s'agira de «faire connaissance», selon la chancelière.

Avant d'être élu, François Hollande avait annoncé vouloir rouvrir les négociations sur le pacte de discipline budgétaire conclu entre pays européens afin d'y ajouter des mesures de croissance, ce à quoi Mme Merkel s'oppose fermement.

Les positions pourraient néanmoins être plus proches qu'il ne semble. Lundi, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a assuré que croissance et assainissement budgétaire n'étaient pas contradictoires.

Le temps presse, car seule l'Allemagne, avec une modeste croissance de 0,5%, échappe encore au marasme général. La France est à l'image de la zone euro avec elle aussi une croissance nulle au premier trimestre.

L'Italie s'enfonce en revanche dans la récession avec -0,87% au premier trimestre, un résultat pire que celui attendu par les analystes. Mais c'est encore une fois la Grèce qui a connu la dégradation la plus sensible de son produit intérieur brut (PIB), avec un recul de 6,2% au premier trimestre.

En 2011, le PIB grec avait déjà reculé de 6,9%, et rien ne semble pouvoir arrêter la longue descente aux enfers que connaît le pays.

Athènes est toutefois parvenu à lever mardi 1,3 milliard d'euros en bons du Trésor à trois mois, à un taux de 4,34%, en hausse par rapport à celui de 4,20% consenti lors de la dernière adjudication du même type le 17 avril.