Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a exhorté mardi les gouvernements à se mobiliser pour mettre en oeuvre les propositions déjà sur la table pour relancer la croissance en berne du continent et réclamé un budget adéquat en faveur de l'UE afin d'y aider.

«Je suis extrêmement satisfait d'observer qu'il y a un nouvel élan qui est clairement en train d'apparaître parmi nos États membres (de l'Union européenne) pour redémarrer le moteur en panne de la croissance européenne», a-t-il déclaré, dans une allusion en particulier à la priorité affichée par le nouveau président élu en France, le socialiste François Hollande.

Aux yeux de M. Barroso, il convient toutefois de commencer d'abord par mettre en oeuvre les projets déjà dans les tuyaux au plan européen mais qui restent en souffrance.

«De nombreuses propositions (de la Commission) sont sur la table et attendent le feu vert des États membres et du Parlement. Même si le retour à une croissance prendra du temps, on pourrait atteindre un tournant à la fin de l'année si les bonnes décisions sont prises maintenant», indique ainsi un document de la Commission.

M. Barroso a rappelé les principales propositions présentées par ses services depuis plus de deux ans pour stimuler l'activité sur le Vieux Continent et qui souvent peinent à se concrétiser.

Outre son projet d'agenda «Europe 2020» qui se concentre sur les nouvelles technologies ou l'économie verte, l'exécutif européen suggère de mettre en place des emprunts européens mutualisés («project bonds»), d'augmenter le capital de la Banque européenne d'investissement (BEI) d'au moins 10 milliards d'euros pour venir en aide aux PME et lancer une taxe sur les transactions financières dont une partie des recettes alimenteraient le budget de l'UE.

À plus court terme, la Commission propose de mieux utiliser les fonds structurels européens en faveur des PME et de l'emploi des jeunes.

François Hollande a déjà largement repris ces idées à son compte dans son projet de pacte de croissance qui viendrait en complément du pacte de discipline budgétaire signé par 25 pays en mars.

La Commission européenne cherche en réalité à «surfer» sur la vague déclenchée par l'arrivée au pouvoir du nouveau chef de l'État en France pour promouvoir ses propres projets et revenir au centre du jeu européen, dont elle a été écartée notamment par le mode de gestion très inter-gouvernemental de Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande Angela Merkel.

M. Barroso aimerait de facto passer une alliance avec François Hollande sur les questions de croissance, face aux pays rétifs comme l'Allemagne.

Il le prend au mot toutefois en demandant que les conséquences en soient tirées pour l'UE: elle doit être dotée d'un budget suffisant à ses yeux.

«Si nous voulons être sérieux concernant l'investissement et la croissance nous devons accepter un budget européen pour les sept prochaines années qui changent la priorité pour les dépenses vers les mesures de soutien à la croissance et la compétitivité», a dit M. Barroso «J'espère que les États qui appellent à plus de soutien à la croissance feront refléter cela dans leur position sur le nouveau budget» de l'UE car sinon ce serait «une contradiction», a-t-il ajouté. Un appel du pied transparent à François Hollande pour qu'il rompe avec la politique de Nicolas Sarkozy.

Ce dernier exigeait jusqu'ici un strict gel du budget européen dans les négociations en cours pour la période 2014-20, alors que Bruxelles demande une hausse.