Une néophyte de la chose financière de 87 ans tente de récupérer les 216 000$ qu'elle estime avoir perdus en raison des gestes fautifs et négligents de son courtier et de RBC Dominion valeurs mobilières.

Juliana Bieganowski soutient entre autres que le représentant Enzi Donato n'a pas respecté son profil d'investisseur, qu'il a effectué des transactions sans autorisation et qu'il l'a mal conseillée. Puis, elle blâme la filiale de la Banque Royale pour ne pas avoir encadré efficacement le travail de son employé.

Après avoir essayé sans succès de s'entendre avec M. Donato et la Royale, l'octogénaire a déposé une poursuite de près de 250 000$ contre eux en Cour supérieure de Montréal.

Dans sa requête, Mme Bieganowski explique que des dépôts à terme constituaient l'essentiel de ses placements jusqu'au 2 novembre 1995, date à laquelle elle a investi 2000$ dans un fonds commun de placement, à l'âge de 71 ans. La transaction a été réalisée par l'entremise d'une employée d'une succursale de la Royale que la dame et son mari fréquentaient depuis 1975.

Le profil d'investisseur réalisé à l'époque indiquait que Mme Bieganowski avait une connaissance limitée des produits d'investissement, qu'elle privilégiait les placements prudents et qu'elle désirait avoir un portefeuille diversifié, selon le document déposé en cour.

Six mois plus tard, alors qu'elle avait une somme de 50 000$ à investir, Mme Bieganowski a été envoyée à Enzi Donato. Il a lui aussi rempli un formulaire au sujet de l'expérience financière de sa nouvelle cliente et y aurait «incorrectement» consigné qu'elle avait déjà fait l'acquisition d'actions et d'obligations.

M. Donato aurait également inscrit que Mme Bieganowski avait des objectifs de prudence, favorisant les titres à revenu fixe et de croissance à long terme. De plus, le document précise que personne d'autre que la cliente n'a l'autorisation d'effectuer des transactions dans le compte.

Néanmoins, selon la requête, M. Donato a réalisé au cours des années suivantes une série de transactions sans consulter Mme Bieganowski. De surcroît, leur nature s'est révélée en contradiction croissante avec son profil d'investisseur.

D'après la poursuite, en 1999, le portefeuille de Mme Bieganowski était composé de 67,37% de titres à revenu fixe, de 11,67% d'actions, de 18,46% de fonds communs et de 2,5% d'argent comptant. Mais, sept ans plus tard, tous ses avoirs étaient placés dans des fonds communs.

«En d'autres mots, à la fin de 2006, sans qu'elle le sache, le portefeuille de la plaignante s'est retrouvé avec 0% d'investissement à revenu fixe et 100% de ses actifs étaient soumis aux fluctuations du marché des fonds communs», écrit l'avocate Martine Trudeau.

En 2007, à l'âge de 83 ans, Mme Bieganowski a récolté 400 000$ de la vente d'une propriété et a confié la somme à M. Donato, qui l'a investie dans des fonds communs de placement.

«Plutôt que de saisir l'occasion de revoir avec la plaignante ses objectifs d'investissements lorsqu'il s'est rendu à la maison de la plaignante, M. Donato [lui] a dit qu'elle serait bientôt millionnaire, mais [Mme Bieganowski] a insisté auprès de M. Donato [pour dire] que son seul souci était de s'assurer que les investissements ne présentaient aucun risque...», avance la poursuite.

Mme Bieganowski réclame 104 212$ pour la perte de capital provoquée par la stratégie de M. Donato, 112 203$ pour le rendement qu'elle estime perdu et 40 000$ en dommages punitifs.

Par ailleurs, Mme Bieganowski reproche à son ex-courtier de lui avoir conseillé d'utiliser une marge de crédit plutôt que ses actifs pour payer une dette d'impôt de 12 000$, en 2007, et prêter 57 000$ à sa fille, en mars 2009.

Joint par La Presse Affaires, Raymond Chouinard, porte-parole de la Banque Royale, n'a pas voulu faire de commentaire, invoquant le fait que le litige est désormais devant les tribunaux.