Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a réclamé mercredi «un pacte de croissance» européen, plaidant pour des réformes structurelles sans modérer son exigence d'une stricte discipline budgétaire, devant des députés européens.

«Nous avons un pacte budgétaire (...) nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance», a dit M. Draghi, sans détailler ce qu'il entendait par ce terme de croissance, employé en général par les tenants d'une relance par la dépense publique, à laquelle il s'oppose fermement.

«Actuellement, ce que j'ai le plus à l'esprit, c'est (la nécessité) d'avoir un pacte de croissance», a-t-il insisté. Même si «les réformes structurelles heurtent de larges intérêts» et «font mal», elles doivent être poursuivies pour l'avenir.

M. Draghi, qui s'oppose à un soutien plus direct de la BCE à la croissance, estime que les mesures déjà prises dans certains pays «doivent être complétées par des réformes structurelles permettant la croissance pour faciliter l'entrepreneuriat, l'établissement de nouvelles entreprises et la création d'emploi. Là, les gouvernements devraient être plus ambitieux», selon lui.

Le président de la BCE a fait cette déclaration alors que le socialiste français François Hollande, arrivé en tête dimanche du premier tour de l'élection présidentielle en France, s'est engagé à renégocier s'il est élu le pacte de stabilité européen, en y ajoutant un volet de soutien à la croissance.

Les politiques économiques comme budgétaires devraient aussi être «soumises à surveillance mutuelle et corrigées si nécessaire dans l'intérêt collectif de la zone euro», a ajouté M. Draghi.

Les États devraient enfin améliorer leur coopération dans «la recherche, le développement, l'éducation et les infrastructures».

M. Draghi a justifié la stratégie européenne d'austérité, concédant qu'elle pouvait plonger à court terme des pays dans la récession, mais devrait porter ensuite ses fruits. «Nous sommes au milieu du gué» et devons persévérer, a-t-il plaidé.

«Les valeurs d'intégration sociale et de solidarité appartiennent toujours à ma culture (et) je ne suis pas du tout contre le modèle social européen», a-t-il ajouté. «Mais tout modèle social doit être soutenable», et ne peut pas être fondé sur l'endettement, selon lui.