La famille Di Iorio, qui a déstabilisé GE Capital, a réussi à se faire construire trois maisons de luxe même si les créanciers et le fisc lui réclament des millions de dollars.

Hier, La Presse a fait état d'un jugement troublant où il était question de GE Capital et de l'entrepreneur Piero Di Iorio. Le jugement raconte que l'entreprise de la famille Di Iorio, pourtant déclarée insolvable, a fait des chèques de plusieurs centaines de milliers de dollars à des parents, en juin 2009.

Or, au même moment, a appris La Presse, la famille Di Iorio s'est fait construire trois luxueuses maisons à Rivière-des-Prairies. Les deux premières ont été acquises en juin 2009 pour une somme globale de 750 000$ par les filles de Piero Di Iorio et leurs conjoints. La troisième a été achetée quelques mois plus tard, en mars 2010, pour 748 000$.

Officiellement, les acheteurs de cette troisième maison sont les filles Di Iorio et leurs conjoints. Dans les faits, ce sont les parents qui ont habité la maison, soit Piero Di Iorio et sa femme, Danielle Poitras, selon un document public. Les filles auraient agi, slon nos sources, à titre de prête-noms, une pratique à laquelle la famille a déjà eu recours par le passé, selon le jugement concernant GE Capital.

Prêteurs non traditionnels

Les maisons ont été financées, notamment, par des prêteurs non traditionnels. Parmi eux se trouve la firme Liquid Capital WGP, qui a enregistré une hypothèque de 700 000$. Les trois propriétés ont été revendues environ un an plus tard, au printemps 2011, pour 1,7 million.

En 2009 et 2010, rappelons-le, Piero Di Iorio a fait perdre 25 millions à GE Capital et à ses créanciers avec ses entreprises familiales, notamment Excavation DP. À l'époque, le syndic de faillite a eu toutes les difficultés à récupérer les équipements pris en garantie par GE, ayant même eu à composer avec des «menaces de vols et des bris d'équipements». Les différentes entités du groupe Di Iorio étaient gérées par le père, sa femme ou ses deux filles.

Pendant la construction des maisons, la famille résidait sur l'avenue Pierre-Blanchet, à Rivière-des-Prairies. Or, cette maison faisait alors l'objet de recours de la part des créanciers.

Peu après la vente des trois maisons, au printemps 2011, la famille Di Iorio a de nouveau tenté de se procurer des propriétés de luxe, l'automne dernier, cette fois à Mascouche. Les trois maisons en question, avec façade en pierre et deux garages chacune, avaient elles aussi une valeur globale d'environ 1,5 million.

Les contrats étaient signés et une hypothèque avait même été contractée pour une des maisons, mais le promoteur a finalement refusé les transactions, en début d'année 2012. Peu de temps après, les deux filles Di Iorio, Stéphanie et Caroline, ont déclaré faillite.

Cela porte à trois le nombre de faillites personnelles dans la famille, après celle de la mère, Danielle Poitras, en mars 2010. Mme Poitras n'est toujours pas libérée de cette faillite, dont la dette s'élève à 16,6 millions.

De leur côté, les deux filles, dans la jeune vingtaine, l'une réceptionniste et l'autre secrétaire, ont globalement accumulé 3,7 millions de dettes. Fait étonnant, les budgets des deux filles, soumis par le syndic de faillite André Allard, sont identiques: même revenu, même loyer, mêmes dépenses vestimentaires, même consommation de tabac et mêmes factures pour les transports en commun.

Autre fait particulier: elles déclarent avoir vendu seulement deux des trois maisons de Rivières-des-Prairies inscrites à leur nom, mais pas la troisième, vendue 855 000$. Nous avons tenté de joindre Piero Di Iorio de diverses façons, sans succès.