Le gouvernement Charest veut freiner la croissance de ses dépenses comme il ne l'a jamais fait auparavant. Les faibles taux d'intérêt lui donnent un bon coup de pouce. Et même la fin de programmes fédéraux a pour conséquence de diminuer ses débours.

En incluant le service de la dette, Québec prévoit que ses dépenses vont augmenter de plus de 2 milliards de dollars au cours de la prochaine année par rapport à la précédente, ce qui représente une hausse de 3%.

Les dépenses des ministères - ce que l'on appelle les dépenses de programmes - font un bond de 2% (1,26 milliard) pour atteindre 62,6 milliards. Selon les données préliminaires, la croissance des dépenses pour la dernière année serait aussi de 2%, un seuil moins élevé que prévu. «C'est un taux historiquement bas», a fait valoir la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne.

Mais attention: elle ne tient pas compte du service de la dette qui, lui, augmente de 10% et fait passer les dépenses budgétaires à près de 71 milliards. Mais le gouvernement peut s'estimer chanceux. Les faibles taux d'intérêt lui permettent de faire des paiements moins élevés que ses prévisions. Le gouvernement estime qu'il dépensera finalement 409 millions de moins.

Québec exclut de son calcul des dépenses budgétaires les débours provenant de fonds spéciaux comme le fonds de financement des établissements de santé. Or, les dépenses de ces fonds vont bondir de 13% cette année pour s'élever à 7,35 milliards. Québec écarte aussi les dépenses d'organismes autres que budgétaires - comme Revenu Québec et la Régie des installations olympiques - qui augmentent de 4,5%. Une seule colonne, celle des dépenses «consolidées», donne une mesure de tous les débours du gouvernement en 2012-2013: 91 milliards.

«Les dépenses continuent d'augmenter, c'est vrai. Mais la population et le prix des services augmentent. Et notre engagement de retour à l'équilibre budgétaire se fait en protégeant les services», a expliqué Michelle Courchesne.

Québec a versé des centaines de millions de dollars à des projets d'infrastructures au cours des dernières années grâce, en partie, à un financement provenant d'Ottawa. Or, des programmes fédéraux prennent fin. Du coup, c'est près de 800 millions qui disparaissent de la colonne des dépenses du gouvernement cette année.

Le ministère de la Santé se taille la part du lion avec une hausse de ses crédits de 4,7% (1,4 milliard). Le budget de l'Éducation augmente comme l'an passé de 2,2% (342 millions). Le ministère de la Famille et des Aînés obtient 40 millions de plus - une hausse de 1,6% - pour financer la création de places en garderie et les mesures destinées aux aînés. Les quelques nouvelles mesures de ce budget ont d'ailleurs un impact financier limité cette année: 211 millions. Les budgets des autres ministères fondent de 0,9% ou de 123 millions.

À mi-chemin du Plan de retour à l'équilibre budgétaire pour 2013-2014, Michelle Courchesne s'est félicitée que le gouvernement ait atteint la moitié de son objectif de réduction de la croissance des dépenses. Environ 2,6 milliards ont été épargnés jusqu'à maintenant selon elle.