L'ancien courtier Jérôme Kerviel, lourdement condamné en 2010 pour une perte record à la Société Générale, n'aura plus le célèbre pénaliste Olivier Metzner pour avocat lors de son procès en appel, du 4 au 28 juin à Paris, a-t-on appris mercredi auprès du cabinet de Me Metzner.

Pour cause de désaccord sur la «stratégie» à adopter, Me Metzner et son associé Nicolas Huc-Morel, qui le défendaient en première instance, ont «renoncé à le représenter». Ils ne reviendront pas sur cette décision, dont ils ont informé Jérôme Kerviel il y a quelques jours, a-t-on indiqué de même source.

Il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir quelle défense l'ancien courtier comptait adopter, ni par qui elle serait assurée.

Selon le site d'informations Bakchich, l'ancien courtier «finalise actuellement des pourparlers avec un pool d'avocats» et veut une «défense plus offensive contre la Société Générale».

Le journal économique Les Échos estime de son côté que la «défection» de Me Metzner est un «coup dur» pour Jérôme Kerviel, «qui se trouve à nouveau sans avocat». La future équipe de ses défenseurs aura moins de deux mois pour intégrer un dossier «particulièrement complexe», commente le journal.

En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait jugé Jérôme Kerviel seul responsable d'une perte de 4,9 milliards d'euros subie par la Société Générale début 2008, en pleine crise financière mondiale.

Le jeune homme avait été condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison, dont trois ferme, et à des dommages et intérêts colossaux de 4,9 milliards. Il avait été reconnu coupable d'abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans le système informatique de la banque.

Au cours du procès, le prévenu et Me Metzner avaient soutenu que la banque savait ce que faisait le jeune courtier, voire l'encourageait à prendre des risques et fermait les yeux tant qu'il «gagnait». Le tribunal ne les avait pas suivis sur cette ligne.

Durant l'instruction, Jérôme Kerviel avait déjà changé deux fois d'avocats.

La deuxième équipe qui avait assuré sa défense, qu'il voulait plus offensive que celle menée au début de l'affaire, comprenait notamment le ténor du barreau de Lille Éric Dupond-Moretti. Un nouveau revirement stratégique avait conduit en 2009 Me Metzner à prendre le dossier en main.