L'Europe a mis sur les rails jeudi le second plan de sauvetage promis à la Grèce et espère à présent tourner la page de deux ans de crise de la dette pour se consacrer à relancer la croissance en berne.

«Je ne dis pas qu'on est sorti de l'ornière mais il y a un tournant dans la crise», a proclamé le président de l'UE, Herman Van Rompuy, en marge d'un sommet des dirigeants européens qui s'est ouvert vers 18h25 à Bruxelles (12h25 à Montréal) . «On doit être vigilant, mais tout ce qu'on a fait est en train de porter ses fruits et donc il faut maintenir le cap», a-t-il dit.

Première illustration de cette accalmie: la zone euro a ouvert la voie au déblocage du deuxième plan de soutien à la Grèce pour lui éviter la faillite. Il prévoit 130 milliards d'euros d'aide publique et un effacement partiel de la dette détenue par les banques, à hauteur de 107 milliards d'euros.

Lors d'une réunion séparée, les ministres des Finances de l'Eurogroupe ont salué les efforts de la Grèce et estimé qu'elle avait rempli toutes les conditions exigées avant tout déboursement, en termes d'économies budgétaires et de réformes économiques.

Concrètement, ils ont donné leur feu vert à plusieurs mesures qui vont permettre à Athènes de mener à bien la gigantesque opération de restructuration de sa dette détenue par les banques.

«La Grèce a pris toutes les mesures que nous lui avions demandées, les choses avancent bien», s'est félicité le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

Même l'Allemagne, qui n'a eu de cesse de morigéner la Grèce ces derniers mois, lui a adressé un satisfecit.

Le parlement grec a adopté à temps, dans la nuit de mercredi à jeudi, des réductions importantes des dépenses de santé, comme l'exigeaient ses créanciers pour bénéficier du nouveau plan d'aide.

Le spectre d'un défaut de la Grèce hante les esprits en zone euro depuis le début de l'année car le pays doit rembourser le 20 mars prochain une créance de 14,5 milliards d'euros et n'a pas les moyens de le faire seul.

Toutefois, la décision de versement effectif de l'aide sera prise ultérieurement et dépend encore du succès de l'opération de réduction de la dette détenue par les créanciers privés, qui doit atteindre une participation d'au moins 75%.

Une conférence téléphonique des ministres des Finances doit avoir lieu le 9 mars pour prendre une décision, au lendemain de l'échéance de l'offre faite aux banques.

En revanche, le renforcement des moyens du Fonds de secours de la zone euro ne devrait être évoqué qu'en marge du sommet, même si la chancelière allemande Angela Merkel semble prête à céder aux appels en ce sens de ses partenaires après avoir refusé pendant des mois.

Prévu à l'origine vendredi, un sommet de la zone euro a été annulé sous la pression de l'Allemagne qui veut du temps avant d'en parler. Une nouvelle réunion de la zone euro devrait se tenir à ce sujet d'ici fin mars pour relever le plafond du pare-feu de l'Union monétaire.

De leur côté, les dirigeants européens vont signer le nouveau pacte de discipline budgétaire censé éviter un dérapage incontrôlé des déficits à l'avenir, en imposant notamment des règles d'or de retour à l'équilibre budgétaire.

Ce traité doit être signé vendredi matin par 25 pays sur les 27 faisant partie de l'UE, la Grande-Bretagne et la République tchèque ayant décliné.

Mais tous proclament leur volonté à présent de ne pas seulement être focalisés sur l'austérité. Ils veulent chercher de nouvelles pistes pour doper la croissance, thème principal de ce sommet sur le papier.

La nécessité est d'autant grande que la récession menace et que le chômage explose à un niveau record. Il a atteint 10,7% en janvier dans la zone euro.

Pour s'attaquer à ces problèmes, les dirigeants de la zone euro sont toutefois divisés sur les recettes à privilégier. Douze pays regroupés autour des chefs de gouvernement britannique, David Cameron, et italien, Mario Monti, ont publié une profession de foi libérale, prônant un marché unique renforcé et des réformes du marché du travail.

Mais l'Allemagne et la France ont pour leur part publié il y a plusieurs semaines une lettre séparée où il était question de coordination des politiques fiscales.

Autre sujet à l'agenda du sommet: la Serbie devrait se voir accorder le statut de candidat car la Roumanie, qui faisait obstacle, a levé son objection.