Par une forte majorité, les députés allemands du Bundestag (l'équivalent de nos Communes) ont adopté hier le deuxième plan de sauvetage de la Grèce, malgré l'opposition des électeurs.

Approuvé la semaine dernière par les ministres des Finances de l'Union européenne, ce plan prévoit entre autres choses des prêts de 130 milliards d'euros à la Grèce de manière à lui permettre de renouveler 14,5 milliards d'euros de sa dette qui vient à échéance le 20 mars.

Cet argent doit lui être avancé par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui se finance lui-même sur les marchés avec l'endossement des pays européens.

Le oui allemand d'hier est le septième acte de foi dans l'euro en deux ans. La chancelière Angela Merkel a mis tout son poids et sa crédibilité en jeu pour obtenir un oui sans équivoque (491 voix sur 591). «Les risques de se détourner de la Grèce sont incalculables», a-t-elle indiqué, soulignant aussi que ce plan de sauvetage comporte des risques.

Deux fronts

La chancelière subit des pressions sur deux fronts à la fois. À l'interne, de plus en plus d'Allemands souhaitent l'expulsion de la Grèce de la zone euro. Un sondage publié dimanche par le journal à grand tirage Bild a révélé que 62% des répondants souhaitaient que les députés s'opposent au plan, alléguant que la Grèce est une cause désespérée.

Vendredi, l'agence Fitch Rating a abaissé de CCC à C la note de crédit de la république hellène.

Hier, l'agence de notation Moody's a indiqué que le risque d'un défaut grec restait «élevé», même si Athènes réussissait à échanger sa dette de 200 milliards détenue par des prêteurs privés contre de nouvelles obligations. Leur valeur faciale est diminuée de 53,5%, l'échéance prolongée jusqu'à 30 ans à des taux d'intérêt réduits. En tout, les prêteurs privés perdront 75% de la valeur de leur placement à échéance, mais la perspective de tout perdre peut les inciter à accepter quand même cette pilule amère.

Dimanche, les ministres des Finances du G20 réunis à Mexico ont exhorté l'Europe, et en particulier l'Allemagne, à mettre sur pied un pare-feu crédible pour éviter tout risque de contagion de la crise grecque. Ils ont même indiqué que c'était un préalable à toute participation de leur part à un financement accru du Fonds monétaire international (FMI). Le FMI n'a pas encore indiqué la hauteur de sa participation au deuxième sauvetage de la Grèce.

Le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, aurait même apostrophé son vis-à-vis allemand Wolfgang Shaeuble, selon l'agence Bloomberg. Il est temps pour la première économie d'Europe «de prendre très au sérieux son rôle de leader et de dégager un plan général pour la zone euro», a-t-il lancé.

G20 en avril

Les ministres du G20 se réuniront de nouveau en avril à Washington dans le cadre des assises annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui doit d'ailleurs se trouver un nouveau directeur, après l'annonce du départ de Robert Zoellick, en juin.

Ils espèrent que, d'ici là, l'Europe sera parvenue à un accord sur la force de frappe du Mécanisme européen de stabilité (MES) qui doit remplacer le FESF, à partir de juillet.

Nombre d'observateurs estiment que, pour mettre la dette souveraine à l'abri d'assauts spéculatifs, il faudrait un minimum de 750 milliards d'euros, soit environ 1000 milliards de dollars.

Jusqu'ici, il est plutôt question de 500 milliards, même si le traité du MES autorise une cagnotte de 700 milliards.

L'écart pourrait cependant être comblé en y additionnant le solde du FESF.

L'Allemagne n'est pas fermée à l'idée, mais la chancelière Merkel n'a pas officiellement donné son aval à l'idée.

L'Allemagne doit déjà avancer 11 milliards d'euros cette année pour le MES et autant l'an prochain. Elle doit contribuer et endosser 27% du MES, soit 190 milliards sur 700, ce que beaucoup d'Allemands trouvent excessif.

Les jeux de coulisses vont se poursuivre d'ici jeudi, alors que les chefs de gouvernement de l'Union doivent se réunir pour avaliser le pacte d'union fiscale conclu à la mi-décembre. Ils se réuniront de nouveau à la fin du mois de mars pour traiter du MES.