Les quatre délégations européennes venues à la réunion des ministres des Finances du G20 à Mexico sont reparties avec des instructions claires: accordez vos violons et le reste du monde pourra envisager de faire un geste.

Un «pare-feu» contre la crise de la dette, c'est ce qu'est chargée d'ériger l'Union européenne.

Le G20 n'a pas repris dimanche dans son communiqué ce terme entendu partout. Il a parlé des «facilités d'assistance financière» de la zone euro, ces dispositifs de solidarité pour financer les États incapables de le faire sur les marchés de la dette.

Au mois de décembre, les dirigeants de l'UE s'étaient engagés à décider en mars de la forme et de la taille de leur édifice commun contre la crise. Cet engagement est désormais inscrit dans les textes du G20, groupe qui compte trois pays de la zone euro (Allemagne, France et Italie) et l'Union européenne.

«Je pense que l'Europe a reconnu, et c'est tout à son honneur, qu'elle a besoin d'un pare-feu financier plus solide», a affirmé dimanche le secrétaire au Trésor des États-Unis, Timothy Geithner.

Dans la capitale mexicaine, la délégation américaine était à la tête d'un front uni, avec entre autres la Chine, le Japon, le Brésil ou le Canada, pour demander du concret aux Européens quant au fonctionnement et aux ressources du Mécanisme européen de stabilité (MES).

Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, contraint de s'envoler avant la fin de la réunion pour être devant le Parlement à Berlin lundi, était au centre des attentions.

L'Allemagne veut un MES aux ressources raisonnables, qui ne lui coûte pas plus que promis jusqu'ici.

Selon un responsable ayant assisté aux débats, le G20 comprend que le gouvernement d'Angela Merkel cherche à ménager son opinion publique nationale, mais estime qu'il devrait lâcher du lest, au vu des avancées de l'Italie, de l'Espagne ou de la Grèce pour réformer leur économie dans le sens où le voulait Berlin.

«Il n'y a pas vraiment en réalité de divergences de vues sur le principe d'un pare-feu, ni sur les modalités d'application», estimait le ministre français, François Baroin.

«Il y a en revanche, certainement, une interprétation qui consiste à dire: si nous arrivons à stabiliser dans la durée les marchés (...) alors la question se posera peut-être de manière moins sensible, moins urgente. C'est ce que je comprends des débats qui peuvent exister en Allemagne», expliquait-il.

Les dirigeants de l'Union européenne doivent se retrouver à Bruxelles pour en parler dès jeudi. Mais l'Allemagne a déjà prévenu que l'UE avait jusqu'au 31 mars pour se décider.

Ensuite, le débat reviendra au G20 en avril pour savoir s'il faut renforcer l'édifice en accroissant les ressources du Fonds monétaire international.

Le FMI disait en janvier être à la recherche des sommes nécessaires pour accroître sa capacité de prêt de 500 milliards de dollars. Compte tenu de ses règles comptables, cela supposerait de trouver 600 milliards.

La directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, a indiqué dimanche qu'elle ne faisait «pas de fixation» sur ce chiffre.

Il paraît en effet extrêmement difficile de l'atteindre si les États-Unis persistent à refuser de contribuer au financement.

«Il faut que nous soyons souples: si les choses empirent, peut-être que le chiffre sera plus élevé, si elles s'améliorent, peut-être qu'il sera moindre», a-t-elle dit lors d'une conférence de presse.