Les partenaires de la Grèce au sein de la zone euro, qui se réunissent lundi, devraient se mettre d'accord sur une solution pour éviter au pays de faire faillite dans un mois, même si les modalités de l'aide envisagée ne sont pas encore clairement définis.

Plusieurs dirigeants européens ont affiché leur confiance ces derniers jours dans la possibilité de débloquer la situation lundi au cours d'une réunion des ministres des Finances de l'union monétaire à Bruxelles.

À l'issue d'une conversation téléphonique vendredi entre la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement italien Mario Monti et le premier ministre grec Lucas Papademos, tous trois se sont montrés «confiants dans le fait qu'un accord sur la Grèce puisse être conclu lundi à l'Eurogroupe».

«Nous sommes de plus en plus près d'avoir une base solide pour prendre une décision lundi», a déclaré de son côté le porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, qui avait pourtant multiplié les signes de méfiance vis-à-vis d'Athènes ces derniers temps.

Le président français Nicolas Sarkozy a lui aussi «exprimé sa confiance qu'un accord sur un nouveau programme grec soit conclu dans les tous prochains jours, ouvrant la voie à une réduction substantielle de la dette grecque».

L'aide sur la table comporte deux volets interdépendants: un effacement par les créanciers privés d'Athènes de 100 milliards d'euros de dette grecque, et un nouveau plan de sauvetage de 130 milliards d'euros de la part de ses créanciers publics.

Toute la question est maintenant de savoir quelle sera la portée de l'accord qui devrait sortir de la réunion de lundi.

Le feu vert à l'effacement partiel de la dette privée, déjà largement bouclé, semble en bonne voie, et ne peut de toute façon plus attendre: s'il n'est pas mis sur les rails dans les tout prochains jours, il ne sera pas conclu avant l'échéance du 20 mars, date-couperet à laquelle la Grèce devra rembourser 14,5 milliards d'euros de dette, faute de quoi elle sera en défaut de paiement.

C'est sur le volet de l'aide publique que les incertitudes sont les plus nombreuses. Pour le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, il serait «sage, judicieux et recommandable qu'on se mette d'accord sur les contours» de ce programme lundi.

Certains au sein de la zone euro sont partisans de scinder l'enveloppe, en ne libérant qu'une petite partie de l'aide dans un premier temps, et d'attendre le résultat des élections grecques et les engagements du nouveau gouvernement avant de poursuivre ou non les versements.

La France préfère que l'accord porte sur l'ensemble de l'aide, sachant que les différentes tranches seront de toute façon déboursées en fonction des réformes réalisées par Athènes.

Car la zone euro a multiplié les conditions en échange de son assistance, tant et si bien que la Grèce se retrouve quasiment sous la tutelle de ses partenaires.

Ainsi, toute une liste de réformes contenues dans le «mémorandum» convenu avec ses créanciers devront être lancées préalablement au versement d'une première tranche d'aide, ce qui signifie qu'elles devront être votées d'ici fin février ou début mars.

Et la zone euro met aussi la dernière main à la création, réclamée par la France et l'Allemagne, d'un compte bloqué sur lequel sera versée une partie des fonds prêtés à la Grèce afin qu'ils servent en priorité au remboursement de la dette publique.

Cette mesure, qui semble avoir été admise par Athènes, présente un certain nombre de difficultés techniques et il faut notamment décider des modalités de surveillance du mécanisme. C'est ce à quoi s'emploient de hauts responsables du Trésor des 17, réunis ce dimanche à Bruxelles.

L'autre problème restant à arbitrer concerne le montant exact de l'aide publique: selon une source diplomatique, des besoins à hauteur de 5,5 milliards d'euros supplémentaires ont déjà été identifiés, car la situation de la Grèce s'est dégradée depuis octobre, lorsque la somme de 130 milliards d'euros avait été fixée.

Et il faudra sans doute aller encore plus loin, car à ce stade, les mesures envisagées sont loin de permettre de ramener le taux d'endettement public de la Grèce à 120% du PIB en 2020, comme prévu au départ.

La Banque centrale européenne a commencé à échanger des obligations grecques achetées en-dessous de leur valeur nominale sur le marché secondaire.

Elle entend redistribuer les plus-value réalisées aux Etats de la zone euro, pour que ceux-ci puissent en faire profiter la Grèce, là encore selon des modalités qui n'ont pas encore été fixées.

L'idée de réduire les taux d'intérêt sur les prêts déjà accordés à Athènes est aussi sur la table, mais rapporterait relativement peu, selon une source européenne.

Quant au Fonds monétaire international, il envisagerait de contribuer par un prêt de 13 milliards d'euros au nouveau plan de sauvetage, selon le Wall Street Journal.

Une chose est sûre, quelle que soit l'issue de la réunion de lundi, ce ne sera pas la fin du feuilleton grec, car beaucoup va dépendre désormais de la volonté politique d'Athènes à mettre en oeuvre sa part du contrat.