La zone euro a fait un premier pas vers la récession en enregistrant pour la première fois en plus de deux ans un recul de son activité fin 2011, conséquence de la crise de la dette, mais a limité la casse grâce à ses deux principales économies, l'Allemagne et la France.

Selon une première estimation publiée mercredi par l'office européen de statistiques Eurostat, la croissance de la zone euro s'est contractée de 0,3% au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent.

«Est-ce le début d'une nouvelle récession», s'interroge Jennifer Mac Keown, économiste chez Capital Economics. La récession se définit par deux trimestres consécutifs de contraction de l'activité.

Pour l'Union monétaire, il s'agirait du deuxième épisode de récession en trois ans, après être revenu à la croissance au troisième trimestre 2009.

Cette perspective semblait il y a encore peu inévitable, mais les chiffres publiés mercredi sont ressortis un peu meilleurs que prévu, laissant une lueur d'espoir à certains analystes. Les économistes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient en effet sur un repli du PIB de 0,4% au quatrième trimestre.

«L'amélioration constatée récemment de plusieurs indicateurs suggèrent qu'il y a une bonne chance que l'économie de la zone euro ne se contracte pas au premier trimestre 2012 et échappe ainsi à une récession technique», estime Martin Van Vliet, économiste pour la banque ING, tout en invitant à la prudence.

Et pour cause, l'absence de résolution de la crise de la dette et le tour de vis imposé dans les pays de la zone euro constituent des épées de Damoclès.

«Il faut rester prudent quand aux perspectives de croissance des pays les plus solides de la zone euro», souligne l'économiste d'ING.

Pessimiste, Howard Archer, son confrère chez IHS Global Insight, estime lui que le retour à la croissance ne devrait pas intervenir avant le second semestre.

Autre raison de rester sur ses gardes: le PIB de la zone euro a été un peu meilleur que prévu fin 2011, essentiellement grâce à une bonne surprise en France (+0,2%) et à un repli moins important que prévu en Allemagne (-0,2%).

Mais dans le détail, ces relatives «bonnes surprises» masquent une chute des importations en France et un net repli de la consommation des ménages en Allemagne, estime Jennifer Mc Keown de Capital Economics.

Dans le reste de l'Union monétaire, le tableau reste enfin très sombre: au Portugal notamment, la récession s'est aggravée dans un contexte d'austérité, avec une contraction du PIB de 1,3% au quatrième trimestre.

Troisième économie de la zone euro, l'Italie vient elle d'entrer en récession fin 2011, avec un PIB en baisse de 0,7% sur la période d'octobre à décembre, tout comme les Pays-Bas, qui font pourtant partie des pays bénéficiant de la meilleure note possible par les agences de notation (AAA), gage de solidité financière.

«De manière générale, les chiffres nationaux du PIB montrent que les pays du noyau dur sont moins touchés par la crise de la dette que les pays périphériques (les plus faibles), ce qui est logique sachant que la tempête financière et les plans d'austérité se concentrent sur ces derniers pays», précise M. Van Vliet.

Au niveau mondial, la zone euro est à la traîne par rapport aux États-Unis, où la croissance au quatrième trimestre a atteint 0,7% par rapport au trimestre précédent. En revanche, au Japon, le PIB a reculé de 0,6% au quatrième trimestre après avoir toutefois bondi de 1,7% au trimestre précédent.