À deux doigts d'une récession annoncée et redoutée, l'économie française y verra plus clair mercredi quand l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) publiera les chiffres très attendus de la croissance réalisée au quatrième trimestre 2011 et sur l'ensemble de l'année dernière.

Le gouvernement aura maintenu jusqu'au bout sa prévision de 1,75% de croissance en 2011 alors que la plupart des économistes tablent plutôt sur 1,6%.

Pour le quatrième trimestre, le «consensus des économistes» établi par l'agence de presse financière Bloomberg anticipe un recul du PIB de -0,2%. Un premier trimestre 2012 de nouveau négatif marquerait l'entrée de l'économie française en récession. Mais la Banque de France disait mercredi tabler plutôt sur une stagnation.

Deux éléments n'incitent pas à l'optimisme: selon l'INSEE, la production industrielle a fléchi de -0,8% au dernier trimestre 2001 et la consommation des ménages de -0,7% en décembre.

Quoi qu'il en soit, Jean-Christophe Caffet (Natixis) s'attend à un «léger recul du PIB au quatrième trimestre 2011, à -0,1%», suivi d'un premier trimestre au même niveau. La «bonne surprise», selon lui, «viendrait d'une croissance nulle, voire positive».

«De l'épaisseur du trait», l'écart de croissance entre la prévision officielle pour 2011 et les 1,6 ou 1,7% anticipés par Natixis, serait toutefois sans conséquence majeure sur les déficits publics, analyse-t-il.

Le gouvernement a déjà fait ses comptes et se félicite pour sa part de les avoir contenus à moins de 5,7% du PIB l'an dernier.

Mais en 2012, la situation devrait se corser. Le tournant de l'année marque «un trou d'air sur un régime de croissance qui n'était déjà pas très bon», observe Jean-Christophe Caffet pour qui «il ne va pas être évident d'atteindre les 0,5% de croissance attendus».

«Le prochain gouvernement héritera d'une situation assez difficile à gérer», résume-t-il.

Chef économiste du Crédit Agricole, Jean-Paul Betbèze table sur un recul de -0,1% du PIB au quatrième trimestre 2011 et de -0,2% au premier trimestre 2012. Sur un an, la croissance s'établirait à 1,6% en 2011, selon ses projections. Elle devrait encore ralentir cette année, à 0,2%.

Rien de dramatique toutefois aux yeux du chef économiste du Crédit Agricole même si la France «est dans une situation où les écarts de comportement sont tout de suite repérés et sanctionnés» par les marchés.

Leurs interrogations à l'adresse du gouvernement sortant comme de son successeur seront invariables, assure-t-il: «comment faites-vous pour réduire les déficits et relancer la croissance?»

Parmi les facteurs positifs, Jean-Paul Betbèze note le regain d'activité aux États-Unis et la situation en Grèce. «Les Grecs ont voté le nouveau plan de rigueur, ils vont recevoir les 130 milliards de prêts et ils ne feront pas défaut dans un mois», assure-t-il.

Quant à Nicolas Bouzou (Asterès), il anticipe, au pire, -0,2% de croissance au quatrième trimestre 2011 et au mieux une stagnation avec 1,6% également pour l'ensemble de l'année 2011.

La Grèce l'inquiète cependant bien davantage que son confrère du Crédit Agricole. «Si Athènes sortait de la zone euro, on entrerait dans une zone d'incertitude telle que toute prévision économique deviendrait impossible», observe-t-il.

Autre motif d'inquiétude: «un possible phénomène de contagion vers le Portugal dont la situation continue de se dégrader alors que celle de l'Italie s'améliore».