Les poursuites s'accumulent au passif de l'homme d'affaires sherbrookois Alain Péloquin, que l'Autorité des marchés financiers (AMF) soupçonne d'être le maître d'oeuvre d'une arnaque à la Ponzi ayant fait 147 victimes, pour plus de 12 millions de dollars.

Selon les recherches effectuées par La Presse Affaires, neuf investisseurs ont déposé à Montréal, à la fin janvier, une poursuite de 4,1 millions contre M. Péloquin et neuf autres personnes identifiées comme ses collaborateurs.

Une action similaire figure au dossier de M. Péloquin, celle-là du cru d'investisseurs de la région de Sherbrooke, qui réclament plus de 7 millions. Elle lui a été signifiée en septembre 2011. D'après nos recherches, au moins une demi-douzaine de poursuites ont été déposées au cours des derniers mois contre l'homme d'affaires et d'autres personnes.

3,07 millions

La grande part de l'action montréalaise est constituée d'une réclamation de 3,07 millions de France-Josée Dancause.

D'après la requête référée à la Cour supérieure, Mme Dancause a rencontré M. Péloquin en 2007 et ce dernier lui a alors expliqué qu'il organisait un projet d'affaire qui devrait l'intéresser.

«Dans ce contexte et au fil des ans, Péloquin a sollicité Dancause à diverses reprises de sorte que cette dernière a investi d'importantes sommes auprès de Péloquin», écrit l'avocat Alain P. Lecours.

Le document avance qu'Alain Péloquin a signé une convention de prêt reconnaissant qu'il doit près de 2,8 millions à Mme Dancause, le 11 janvier 2011.

La poursuite indique également que Mme Dancause a été fort surprise d'apprendre, un mois plus tard, que l'AMF menait une enquête au sujet de M. Péloquin, et encore plus, dans les jours qui ont suivi, que ce dernier la présentait auprès des autres investisseurs à titre de dirigeante du projet d'investissement.

Rencontre à Bromont

D'ailleurs, le nom de Mme Dancause figure dans la première décision du Bureau de décision et de révision en valeurs mobilières (BDR) prononçant, le 4 février 2011, des ordonnances de blocage contre M. Péloquin et ses collaborateurs.

Lors d'une rencontre d'investisseurs à Bromont, en octobre 2010, M. Péloquin l'a identifiée comme un des pivots de l'organisation, selon la dénonciation d'un des investisseurs rapportée dans la décision du BDR.

Dans sa requête, Mme Dancause nie formellement: «Elle [Dancause] n'a jamais autorisé ou mandaté Péloquin afin qu'il agisse comme son représentant, elle n'a jamais été partie directement ou indirectement aux conventions [signées avec les investisseurs] et n'a jamais été une collaboratrice de Péloquin».

Le nom de Mme Dancause n'apparaît pas dans les décisions subséquentes de BDR mais elle fait partie de la liste des personnes poursuivies dans plusieurs actions visant M. Péloquin.

Un autre gros investisseur compte parmi des requérants. Il s'agit de Jean Poulin, président de la firme Simaudio, un manufacturier de matériel audio et vidéo.

M. Poulin aurait confié à M. Péloquin, en son nom ou par le biais de ses entreprises, plus de 500 000$ en trois versements échelonnés entre mars 2009 et août 2010.

«À l'instar des autres investisseurs, Jean Poulin a été mis en confiance par les collaborateurs de Péloquin... En l'absence des représentations de Péloquin et de ses collaborateurs, Jean Poulin n'aurait jamais investi dans le projet ni personnellement ni par l'entremise de ses sociétés», soutient Me Lecours.

Biens saisis

L'AMF a annoncé en février 2011 avoir obtenu des ordonnances de blocage des comptes et d'interdiction de transaction contre de M. Péloquin et de trois autres personnes, dont sa conjointe Isabelle Cantin.

Selon l'organisme réglementaire, ils ont recruté illégalement 147 personnes pour investir dans un nébuleux projet d'achat et de revente de biens saisis par le gouvernement canadien. Péloquin et ses associés auraient ainsi réussi à recueillir plus de 12 millions avant d'être stoppés par l'AMF.

«Il y aurait présence d'une chaîne de Ponzi puisque les sommes recueillies auprès d'investisseurs auraient servi à en rembourser d'autres», a écrit l'AMF dans un communiqué de presse.

La Presse Affaires n'a pas été en mesure de joindre M. Péloquin, et son avocat, Me François Beauvais, n'a pas répondu à notre demande d'entretien.