Québec a l'intention de mettre en place, dès l'an prochain, le nouveau Régime volontaire d'épargne-retraite (RVER).

Cet autre véhicule d'épargne-retraite s'adresse aux travailleurs autonomes et surtout à tous les salariés dont l'employeur n'offre pas encore de régime complémentaire de retraite.

Chaque employeur visé devra proposer un RVER, sans être cependant obligé d'y cotiser. Tous ses employés y seront inscrits, mais ils auront la possibilité de ne pas y participer.

Est-ce une bonne idée que ces RVER, quand on sait qu'à peine le quart des contribuables admissibles à un régime enregistré d'épargne-retraite (REER) ont contribué en 2010? Vaut-il mieux s'en soustraire pour privilégier son REER si on en a déjà un?

Pour y voir un peu plus clair, La Presse a posé six questions à deux experts en la matière.

Voici in extenso les réponses de Simon Beauchemin, conseiller principal en fiscalité au Mouvement Desjardins, et de Sylvain Bouffard, directeur, affaires publiques et gouvernementales à la Financière Sun Life.

Question 1 : Qu'est-ce qui distinguera le RVER d'un régime enregistré d'épargne-retraite (REER)?

Simon Beauchemin : Le RVER est un fonds de pension à cotisations déterminées et prélevées sur la paie; il est simple à administrer et, compte tenu du volume, les frais de gestion sont censés être moins élevés. L'économie d'impôt est immédiate. Il est possible que l'employeur cotise, mais ce n'est pas obligatoire. Sylvain Bouffard : Premièrement, l'accessibilité. Tous les travailleurs sans régime de retraite auront accès à un RVER. Leur adhésion sera automatique: ce sont ceux qui ne veulent pas épargner qui devront prendre des mesures pour se retirer du régime. C'est exactement l'inverse pour le REER, qui reste un véhicule volontaire. Avec un REER, si on ne fait rien, on n'épargne rien.

Question 2 : En quoi le RVER limitera-t-il la possibilité de contribuer aussi à un REER?

M. Beauchemin : Comme le RVER est un fonds de pension, il procurera un FE (facteur d'équivalence) qui réduira la cotisation maximale à un REER de l'année suivante.M. Bouffard: Les sommes investies dans un RVER - incluant les cotisations de l'employeur - réduiront d'autant les cotisations admissibles à un REER. Ceux qui atteignent le maximum de cotisations REER devront donc choisir une répartition entre les deux. Cela dit, seulement 5 % des contributions REER admissibles sont utilisées au Canada : il existe une certaine marge...

Question 3 : Sera-t-il encore avantageux de déposer dans un REER si on cotise dans un RVER?

M. Beauchemin : Oui, afin de maximiser son revenu de retraite, dépendamment des sommes versées dans le RVER.M. Bouffard : Oui, les deux peuvent être complémentaires. Parce que les sommes investies en REER ne sont pas immobilisées, le REER demeure un véhicule qui offre assez de souplesse ainsi qu'une plus grande diversité d'options d'investissement. Les gens pourront profiter de la flexibilité du REER autant que de la simplicité du RVER.

Question 4 : Si on prévoit adhérer à un RVER, y a-t-il un intérêt particulier à cotiser dans un REER pour 2011 et 2012?

M. Beauchemin : Il est toujours préférable de cotiser dans un REER selon le maximum, et ce, le plus tôt possible, afin d'accumuler des rendements à l'abri de l'impôt. M. Bouffard : Plus tôt on investit, plus longtemps croît notre argent. La perspective d'avoir accès à un RVER ne devrait pas inciter à «retarder» des cotisations. Au contraire, mieux vaut développer dès maintenant de bonnes habitudes d'épargne et se donner l'option de les ajuster plus tard quand les RVER deviendront disponibles.

Question 5 : Si oui, devrait-on privilégier un placement encaissable de manière à utiliser le REER pour financer l'achat d'une première maison ou un éventuel congé sabbatique?

M. Beauchemin : Oui, si cela fait partie des projets. M. Bouffard : Si l'objectif de l'épargne est autre chose que la retraite, le REER et, dans certaines circonstances, le CELI seront plus appropriés que le RVER. Il faut prendre plusieurs paramètres en considération pour ensuite choisir le bon type de placement: le niveau d'imposition, l'horizon de temps de nos projets, etc.

Question 6 : Les REER attiraient beaucoup d'épargne dans les banques et chez les courtiers. À quelles institutions financières les RVER profiteront-ils avant tout?

M. Beauchemin : Étant donné que les cotisations versées dans un RVER devront être administrées par une institution financière, il s'agira probablement des mêmes institutions que celles qui offrent les REER. M. Bouffard : Les compagnies d'assurances et les banques seront les principaux fournisseurs de RVER. De ces institutions, celles qui se démarqueront le plus seront celles qui répondront le mieux aux besoins de simplicité et d'efficacité des petites entreprises et qui offriront aux travailleurs des solutions d'épargne claires, performantes et abordables.