Vincent et Caroline attendent leur premier enfant. Bonheur... et planification!

Tous deux âgés de 30 ans, ils se sont rencontrés à l'université.

Ils sont sur le marché du travail depuis cinq ans. En 2009, ils ont racheté un petit cabinet de services professionnels. Ils ont choisi de toucher des salaires versés par leur entreprise plutôt que d'être uniquement rémunérés sous forme de dividendes. Sur la base de ces salaires, ils peuvent ainsi cotiser à leur REER respectif et contribuer au Régime québécois d'assurance parentale, ce qui leur donne droit aux prestations parentales.

«On se verse un salaire qui nous permet de maximiser les REER, mais que faire avec le reste de l'argent? demande Vincent. Est-ce qu'on accélère le remboursement du prêt hypothécaire de notre maison? Est-ce qu'on rembourse l'emprunt pour l'entreprise qu'on a achetée il y a deux ans?»

La venue annoncée de ce poupon ajoute un autre élément à leur dilemme: doivent-ils plutôt cotiser au Régime enregistré d'épargne-études (REEE)?

«Je ne sais pas du tout ce qu'est un Régime enregistré d'épargne-études, reconnait Vincent. J'ai besoin de savoir comment je peux en bénéficier.»

Il sait que «ça a rapport avec les enfants et les études», mais guère plus.

L'intérêt des subventions

Raphaël Hainault, conseiller en solutions financières et planificateur financier chez Financière des professionnels-Fonds d'investissement, nous rappelle d'abord les grands principes.

Le régime enregistré d'épargne-études (REEE) permet à un contribuable canadien de déposer des sommes dans un compte dont le rendement sera préservé de l'impôt, pour financer les futures études postsecondaires du bénéficiaire. Le capital versé ne procure aucun crédit d'impôt.

Il n'y a aucune restriction au nombre de régimes ou de souscripteurs pour un même bénéficiaire. Les cotisations annuelles ne sont pas limitées non plus, mais le plafond cumulatif des cotisations de toutes provenances pour un même enfant est fixé à 50 000 $ durant sa vie.

Depuis 1998, le gouvernement fédéral accorde une subvention maximale de 500 $ par année, équivalant à 20 % de la cotisation annuelle, de l'année de sa naissance jusqu'à celle de son 17e anniversaire. Le gouvernement québécois y a ajouté son Incitatif québécois à l'épargne-études, qui procure une subvention supplémentaire de 10 %, plafonnée à 250 $ par année.

Le total des subventions pour une cotisation annuelle de 2500 $ ou plus atteint ainsi 750 $. Chaque enfant a droit à des subventions cumulatives de 7200 $ au fédéral et de 3600 $ au Québec, pour un total maximal de 10 800 $.

Pour recueillir ces 10 800 $ de subventions tout en optimisant les cotisations, il faudra déposer 36 000 $ en capital dans le REEE de l'enfant, sans dépasser 2500 $ par année.

«En présumant que ces sommes sont laissées en liquidités et retirées quand l'enfant aura 18 ans, les subventions représentent à elles seules un rendement de 2,12 % par année durant toute la durée du portefeuille, ce qui n'est pas à négliger compte tenu des taux d'intérêt actuels», observe Raphaël Hainault.

Si Vincent et Caroline disposaient déjà de ces 36 000 $, ils pourraient les verser immédiatement dans le REEE de leur enfant. Ils ne toucheraient alors qu'une seule subvention annuelle de 750 $, mais la somme pourrait fructifier à l'abri de l'impôt pendant 18 ans.

Dès lors que le rendement moyen du portefeuille atteint 3,86 % par année, cette stratégie recueille autant en 18 ans - environ 75 500 $ - qu'une cotisation annuelle calibrée pour obtenir les subventions maximales, en supposant le même rendement.

«Cette voie est intéressante si le couple a des liquidités importantes au moment actuel, observe Raphaël Hainault. Par contre, si les liquidités ne sont pas au rendez-vous, il ne serait pas intéressant pour le couple de se verser un gros dividende de son entreprise afin de bénéficier de cette stratégie, puisque cela occasionnerait des impôts importants.»

REER, REEE ou hypothèque?

Il est souhaitable que Vincent et Caroline accumulent des droits de cotisation au REER, et par conséquent qu'ils continuent à se verser des salaires plutôt que des dividendes. «En effet, le REER est avantageux à long terme puisque les revenus s'accumulent à l'abri de l'impôt, en comparaison à l'épargne d'entreprise dont les revenus seront imposables annuellement», rappelle le planificateur.

Mieux vaut également utiliser immédiatement ces droits en cotisant au maximum à leur REER plutôt que de consacrer l'épargne au remboursement de l'hypothèque ou du prêt de l'entreprise. Comme Vincent et Caroline sont encore loin de leur retraite et ont une bonne tolérance au risque, le rendement à long terme de leur REER sera potentiellement plus élevé que les intérêts qu'ils économiseraient sur leurs emprunts.

Dans ce contexte, quelle priorité faut-il accorder au REEE?

«Il se place après le REER, mais avant l'hypothèque», indique Raphaël Hainault. Le couple devrait se contenter de continuer les paiements minimaux sur son prêt hypothécaire. Une fois les cotisations REER maximisées, tout surplus budgétaire pourra plutôt être investi dans le REEE de son futur enfant, jusqu'à concurrence de 2500 $ par année.

Comme Vincent et Caroline veulent plus d'un enfant, notre conseiller propose d'ailleurs l'ouverture d'un régime d'épargne-études familial. «Ils pourront alors ajouter le nom d'un nouvel enfant à ce même régime, indique-t-il. Cela facilitera l'administration des épargnes-études de l'ensemble de la future famille.»