Le spectre d'une nouvelle récession se rapproche du Royaume-Uni, dont l'économie s'est contractée au dernier trimestre 2011, et la crise dans la zone euro met un peu plus en péril la stratégie du gouvernement qui reste basée sur la poursuite de la rigueur.

Selon une estimation officielle publiée mercredi, le produit intérieur brut (PIB) britannique a reculé de 0,2% au dernier trimestre 2011, une performance pire que celle prévue par les experts après une hausse de 0,6% au trimestre précédent.

L'annonce, attendue dans un climat d'inquiétude grandissante sur l'avenir du pays, a été relayée en direct par les chaînes d'information en continu.

Le ministre des Finances George Osborne a aussitôt pointé du doigt l'impact de la crise chez les voisins de la Grande-Bretagne, avec lesquels elle réalise près de la moitié de ses échanges.

«Les problèmes économiques du Royaume-Uni ont été aggravés par la situation dans la zone euro, par une crise qui se déroule à nos portes», a-t-il plaidé.

Mais il s'est dit déterminé à «ne pas dévier» du plan d'austérité gouvernemental, en dépit des appels à l'assouplir alors que le chômage est déjà au plus haut depuis 17 ans.

Pour lutter contre un déficit public parmi les plus élevés en Europe et contenir une dette qui vient de dépasser le seuil symbolique des 1000 milliards de livres (1200 milliards d'euros), «il n'y a pas d'autre voie possible», a martelé M. Osborne.

Interpellé au Parlement, le premier ministre David Cameron a reconnu être «déçu» par le chiffre de mercredi, mais il a assuré lui aussi que le gouvernement ne changerait pas de tactique.

Le Fonds monétaire international (FMI), considéré par M. Cameron comme un de ses plus fermes soutiens, a pourtant conseillé mardi aux gouvernements de modérer leurs politiques de rigueur budgétaire face au ralentissement général de l'économie mondiale.

Ce que n'a pas manqué de lui rappeler l'opposition travailliste, en l'accusant de se servir des déboires de la zone euro comme d'une «excuse» pour masquer «l'échec» de sa politique.

La plupart des économistes tablent désormais sur un retour du pays en récession -qui se définit techniquement par deux trimestres d'affilée de contraction de l'économie. Ils estiment toutefois que cette récession sera plus brève et sans commune mesure avec celle des années 2008/2009, qui s'était traduite par un recul total du PIB de près de 7%.

Même plus modérée, toute nouvelle contraction de l'économie aurait un impact sur les rentrées fiscales et menacerait l'ambitieux plan de réduction du déficit sur lequel le gouvernement a misé toute sa crédibilité. Or M. Osborne a déjà été contraint cet automne de reporter de deux ans, jusqu'à l'horizon 2017, son objectif d'un retour à l'équilibre budgétaire.

Le mois dernier, l'agence de notation Moody's avait augmenté la pression en émettant des doutes sur la pérennité du sacro-saint «triple A» britannique en cas de détérioration marquée de l'économie.

M. Cameron continue toutefois de disposer d'un atout majeur dont ses homologues de la zone euro sont privés: une banque centrale autonome.

Or la Banque d'Angleterre a signalé mercredi qu'elle était disposée à effectuer rapidement de nouvelles injections massives de liquidités dans l'économie pour soutenir l'activité, une politique qui a jusque-là aidé le Royaume-Uni à emprunter dans de très bonnes conditions pour financer sa dette.