Le Fonds monétaire international (FMI) veut disposer d'au moins 500 milliards de dollars supplémentaires pour faire face à la crise de la zone euro et ses retombées sur l'économie mondiale, et devrait donc solliciter les pays émergents pour qu'ils participent à l'effort.

Selon une estimation de l'institution financière, les «besoins de financement potentiels mondiaux dans les années qui viennent» s'élèvent à 1000 milliards de dollars.

Dès lors, «le Fonds aimerait parvenir à lever jusqu'à 500 milliards de dollars de ressources prêtables supplémentaires», a-t-il annoncé mercredi dans un communiqué, confirmant des informations de presse.

Ces ressources supplémentaires seront demandées aux États membres du FMI, avait expliqué un peu plus tôt à l'AFP une source proche du dossier, précisant que, pour des raisons comptables, ce sont en tout jusqu'à 600 milliards de dollars supplémentaires qui pourraient être requis. Cela permettrait de disposer d'un matelas de sécurité, a-t-on ajouté de même source.

Le Fonds dispose actuellement d'un tout petit peu mois de 385 milliards de dollars de ressources qu'il peut prêter aux États membres qui en ont besoin. Il s'agirait donc de porter ce montant à 885 milliards.

Les États de la zone euro se sont déjà engagés en décembre à fournir 150 milliards d'euros (192 milliards de dollars) au FMI «sous forme de prêts bilatéraux».

Resterait donc à l'institution financière de Washington à trouver au moins 308 milliards de dollars environ auprès d'autres États membres.

Les États-Unis ont déjà fermement manifesté leur refus de remettre au pot.

De leur côté, une poignée de pays de l'Union européenne non membres de la zone euro (République tchèque, Danemark, Pologne et Suède) devraient apporter leur contribution, encore non chiffrée. En revanche, le Royaume-Uni se fait désirer, promettant d'étudier la demande du FMI tout en exigeant que les fonds apportés servent à aider des États et non à sauver l'euro.

Les efforts du FMI devraient donc se concentrer sur les pays émergents, notamment la Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie.

Lors d'une réunion mardi à Washington, la directrice générale du FMI Christine Lagarde a reçu l'aval de son conseil d'administration pour «examiner» les moyens en vue d'augmenter les ressources de l'institution financière.

«Je suis heureuse d'avoir obtenu la reconnaissance de l'importance qu'il y a à assurer que le Fonds dispose de la puissance de feu nécessaire pour contribuer à désamorcer les problèmes posés par la faiblesse actuelle de l'économie mondiale et certains défis régionaux», a-t-elle ensuite affirmé dans un communiqué.

«À cette fin, la direction et les services du Fonds vont examiner les possibilités qui s'offrent pour augmenter la puissance de feu du FMI, avec les garde-fous appropriés», a-t-elle ajouté.

Le prochain rendez-vous sera la réunion des ministres des Finances des pays riches et émergents du G20, les 19 et 20 février à Mexico.

La zone euro, empêtrée dans sa crise de la dette et incapable, jusqu'ici, de bâtir un fonds de secours européen assez solide pour endiguer durablement sa propagation à des poids lourds comme l'Italie ou l'Espagne, s'était tournée fin 2011 vers le FMI.

L'idée des Européens était d'abord de prêter de l'argent au Fonds afin qu'il soit capable, en retour, de venir en aide si besoin à Rome ou Madrid. Le FMI a en effet épuisé une grande part de ses ressources pour secourir la Grèce, le Portugal et l'Irlande, et ne pourrait pas se permettre, en l'état, de mettre au point un programme d'aide d'envergure à une grande économie comme l'Italie.

Mais, dans l'esprit de la zone euro, il s'agit aussi de montrer l'exemple à des pays émergents, Chine en tête, disposés à renflouer le FMI mais réticents à apporter leur écot tant que l'Europe n'aura pas démontré sa propre détermination.