Les dégradations par Standard and Poor's de plusieurs pays ont relancé le débat sur la nécessité d'un renflouement du Fonds de secours de la zone euro (FESF), avec toutefois de sérieux clivages entre capitales, la chancelière Angela Merkel se refusant à remettre au pot.

«Il y a un débat, la question est encore ouverte et il n'y a pas de consensus à ce stade» entre les pays de l'Union monétaire, a indiqué dimanche à l'AFP une source de haut rang de l'Union européenne sous couvert d'anonymat.

Vendredi, l'agence S&P a abaissé les notes d'endettement de neuf pays de la zone euro, retirant en particulier à la France et à l'Autriche leur évaluation «triple A» d'excellence.

Cette sanction va avoir une implication pour le FESF, qui risque à son tour de perdre son triple A et de voir un peu érodées ses capacités à lever de l'argent sur les marchés.

Cette note dépend en effet de celles des pays de la zone euro «actionnaires» du Fonds et en particulier des notes «triple A». Du fait des dégradations de la France et de l'Autriche, «si rien n'est fait pour compenser, le FESF va perdre sa note triple A pour les emprunts à long terme», estime la source européenne.

Dans un communiqué publié vendredi soir, les ministres des Finances de la zone euro ont cherché à rassurer, affirmant «leur détermination à explorer les options pour maintenir la notation AAA du FESF».

Mais les moyens pour y parvenir posent des difficultés.

Dans la première option «il faudrait que les pays encore notés triple A acceptent de prendre la place» de ceux qui ont perdu cette note en augmentant leurs garanties sur les émissions réalisées par le Fonds de secours, souligne la source.

«Ceci pose des problèmes politiques», reconnaît-elle.

La deuxième option consisterait à augmenter le «cash buffer» du FESF, son pare-chocs financier, dit-elle. Concrètement cela consisterait pour le mécanisme à emprunter à chaque émission plus que nécessaire afin de réinvestir le surplus dans des titres obligataires notés triple A et ainsi de combler le manque dû à la dégradation de la France et de l'Autriche.

Dans les deux cas, cela reviendrait peu ou prou à remettre au pot. Or, dès le lendemain du communiqué de l'Eurogroupe, Angela Merkel a indiqué en substance préférer une dégradation du FESF plutôt que de délier les cordons de la bourse.

Lors d'une réunion de son parti conservateur à Kiel (Nord), elle a expliqué n'avoir jamais pensé qu'une notation triple A était indispensable pour le Fonds. Les dégradations «ne vont pas torpiller le travail du FESF et je ne vois pas de besoin de changer quelque chose» à ce fonds, a-t-elle assuré.

Un Fonds permanent de secours (MES) doit commencer à fonctionner début juillet, en parallèle pendant un an au FESF, instrument temporaire, qui ensuite disparaîtra. En principe, la capacité cumulée de prêts des deux mécanismes doit être limitée à 500 milliards d'euros, mais plusieurs pays, ainsi que la BCE et la Commission européenne favorisent des moyens accrus.

La question doit être débattue en mars lors d'un sommet européen. «Il y a un certain nombre de responsables politiques qui souhaitent discuter du sujet plus rapidement», souligne la source de l'UE.

Actuellement, le seul FESF a une capacité de prêts totale théorique de 440 milliards d'euros mais ne dispose toutefois aujourd'hui que de quelque 250 milliards d'euros de réellement disponibles.

Ce mécanisme lève de l'argent sur les marchés et le reverse ensuite à des pays en difficulté au sein de la zone euro à des taux moindres que ceux qu'ils devraient payer sur les marchés.

Pour ses émissions obligataires à court terme (3 ou 6 mois), le FESF ne devrait pas perdre en revanche sa notation triple A chez S&P, quoiqu'il advienne, selon la source européenne. Et le Fonds doit justement réaliser mardi une telle émission à 6 mois dans l'objectif de lever 1,5 milliard d'euros à destination de l'Irlande et du Portugal.