Deux jours après la dégradation de la note financière de la France, le président Nicolas Sarkozy a assuré dimanche que la crise pouvait être surmontée» si les Français avaient «la volonté et le courage de réformer» leur pays, à trois mois de l'élection présidentielle.

Mis en cause par l'opposition socialiste, qui voit en lui le responsable de la perte de la notation «AAA» décidée vendredi par l'agence Standard & Poor's, M. Sarkozy n'a pas répondu directement à ses détracteurs, mais il a appelé à la poursuite des réformes.

«Je parlerai aux Français à la fin du mois, je leur dirai les décisions importantes qu'il faut prendre sans perdre de temps», a déclaré le chef de l'Etat français lors d'un discours à Amboise (centre).

«Je leur dirai que la crise peut être surmontée, pourvu que nous ayons la volonté collective et le courage de réformer notre pays», a-t-il ajouté lors d'une cérémonie en hommage à l'ex-Premier ministre Michel Debré.

«Depuis 2008, on a traversé cette crise absolument sans précédent, peut-être depuis un siècle, j'ai choisi de dire la vérité aux Français sur la gravité de la crise. Je leur ai dit qu'il s'agissait d'une épreuve qu'il ne fallait ni sous-estimer, ni dramatiser à l'excès», a-t-il poursuivi.

Nicolas Sarkozy va rencontrer mercredi les partenaires sociaux pour un «sommet de crise» au cours duquel il doit proposer une série de réformes comme l'instauration d'une TVA sociale, des accords de modulation du temps de travail destinés à renforcer la compétitivité dans les entreprises qui sonneraient la mort définitive des 35 heures et une taxe sur les transactions financières.

Samedi, dans une déclaration solennelle depuis son QG de campagne, le candidat socialiste à l'élection présidentielle d'avril-mai et favori des sondages François Hollande avait jugé que «c'est une politique qui a été dégradée, pas la France».

«Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation pour son gouvernement. C'est ainsi qu'avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. Cette bataille, et je le regrette, a été perdue», a souligné François Hollande.

Le Premier ministre François Fillon était aussitôt monté au créneau pour lui répondre, mettant en cause la responsabilité des socialistes.

«Ceux qui dramatisent la situation doivent y réfléchir à deux fois: ce sont en effet les mêmes qui ont refusé de voter les réformes destinées à renforcer notre compétitivité ou à réduire les déficits, que ce soit la réduction des effectifs dans la fonction publique ou la réforme des retraites», a souligné M. Fillon, citant également la règle d'or budgétaire.

Pour sa part, le candidat centriste François Bayrou, troisième homme surprise lors de la présidentielle de 2007, a renvoyé dos à dos droite et gauche, qui portent selon lui «une coresponsabilité» dans la situation.

Nicolas Sarkozy, qui doit officialiser sa candidature à un second mandat fin février/début mars, ne part pas favori pour le scrutin des 22 avril et 6 mai, même si l'écart avec François Hollande avait tendance à se resserrer dans les derniers sondages.