Deux pays de la zone euro, dont la France, ont perdu vendredi leur note triple A, sept autres ont vu leur note abaissée et restent sous la menace d'une nouvelle dégradation, seule l'Allemagne étant épargnée par l'agence de notation Standard and Poor's (S&P).

La première économie européenne a vu non seulement confirmé son précieux triple A, qui lui permet d'emprunter à bas coût sur les marchés, mais S&P a aussi affirmé qu'elle n'envisageait pas de changer son point de vue dans les mois qui viennent.

La France, deuxième économie en Europe, a en revanche perdu sa note AAA, une décision largement anticipée par les marchés, mais qui a contraint le président Nicolas Sarkozy a convoquer d'urgence une réunion de crise.

L'agence d'évaluation financière a abaissé de deux crans les notes de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal et de Chypre, ces deux derniers Etats étant relégués dans la catégorie des investissements spéculatifs, selon un communiqué publié en fin de soirée.

L'Autriche, qui perd aussi son «triple A», ainsi que Malte la Slovaquie et la Slovénie sont dégradées d'un cran avec la France.

En revanche, les quatre autres pays notés AAA (Allemagne, Finlande, Pays-Bas et Luxembourg) conservent leur prestigieuse distinction, tout comme la Belgique, l'Estonie et l'Irlande qui ne sont pas dégradées.

Après cette décision, S&P maintient tous les pays de la zone euro, hormis l'Allemagne et la Slovaquie, sous perspective négative, ce qui signifie que l'agence estime à une sur trois les chances d'un nouvel abaissement en 2012 ou 2013. La Grèce était déjà sous perspective négative.

L'agence de notation américaine avait prévenu le 5 décembre qu'elle envisageait d'abaisser la note souveraine de 15 des 17 pays de la zone euro, y compris celle de l'Allemagne. En épargnant cette dernière, mais en sanctionnant la France, l'agence consacre un décrochage entre les deux économies les plus importantes d'Europe.

«De notre point de vue, les initiatives prises par les responsables européens au cours des dernières semaines pourraient être insuffisantes pour répondre totalement aux problèmes systémiques en cours de la zone euro», a jugé S&P dans un communiqué.

Plusieurs responsables politiques, à commencer par le ministre français des Finances François Baroin, ont minimisé cette décision, anticipée dès vendredi après-midi, y compris par les marchés qui n'ont pas cédé à la panique.

La Commission européenne «regrette la décision aberrante» de S&P

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a «regretté la décision aberrante de Standard and Poor's», qui a abaissé la note de neuf pays de la zone euro vendredi, dans un communiqué.

«Après avoir vérifié que le moment n'a pas été choisi au hasard, je regrette la décision aberrante prise aujourd'hui par Standard and Poor's concernant la note de plusieurs pays de la zone euro, au moment où celle-ci agit de manière décisive sur tous les fronts pour répondre à la crise», écrit-il.

Standard & Poor's a abaissé la note de la France et de l'Autriche, désormais privées du «AAA» pour se retrouver à «AA+», mais aussi de l'Italie, de l'Espagne et du Portugal notamment.

«Cette initiative rend encore plus nécessaires la consolidation budgétaire et les réformes structurelles» des pays de la zone euro, «ainsi que le fait de trouver des réponses aux fragilités du secteur bancaire, de renforcer nos défenses financières et notre gouvernance économique», poursuit M. Rehn, qui souligne que «les récentes décisions de l'UE, combinées aux actions de la Banque centrale européenne, ont contribué à relâcher les tensions sur le marché des dettes souveraines».

«Il est désormais important de finaliser aussi rapidement que possible la forme et le fonctionnement du Mécanisme européen de stabilité (MES) et, comme l'ont décidé les chefs d'Etat et de gouvernement le 9 décembre, d'avancer son entrée en vigueur à juillet 2012», ajoute-t-il.

Ce mécanisme est appelé à remplacer de manière permanente le Fonds de secours de la zone euro (FESF) et «son plafond de 500 milliards d'euros sera réévalué en mars», indique encore M. Rehn.