Angela Merkel devait recevoir à Berlin mardi la directrice générale du FMI Christine Lagarde, avec au menu principalement la Grèce, à nouveau en péril dans une zone euro sous tension où les investisseurs s'accordaient toutefois un petit répit.

Mme Lagarde devait d'abord rencontrer dans la matinée son ex-confrère, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, puis dans la soirée la chancelière. Au programme avec celle-ci un «échange informel» sur «les sujets d'actualité de la finance mondiale», avait annoncé la veille la chancellerie, s'efforçant d'inscrire cette rencontre dans le cadre «d'échanges réguliers» entre les deux femmes.

Mais les sujets sont trop nombreux et la situation trop délicate, particulièrement en zone euro, pour que leur échange constitue une simple visite de courtoisie, au lendemain de la visite à Berlin du président français Nicolas Sarkozy et à la veille de la venue du chef du gouvernement italien Mario Monti.

Mme Merkel et M. Sarkozy ont reconnu lundi que la situation était «très tendue». Une tension que leurs bisbilles sur la taxe sur les transactions financières n'a pas contribué à apaiser.

Les marchés connaissaient pourtant un répit mardi matin, à la faveur de l'annonce par l'agence de notation Fitch qu'elle ne prévoyait pas d'abaisser la note de la dette de la France en 2012. Une bonne nouvelle alors que le pays retient son souffle depuis des semaines en attendant le verdict des agences de notation sur son fameux «triple A».

L'euro a repris du terrain après avoir atteint lundi son plus bas depuis septembre 2010 contre le dollar et les Bourses européennes étaient bien orientées. Vers 6h35 (heure de Montréal), Paris gagnait 2,34%, Francfort 2,51%, Milan 2,98%, Madrid 2,19% et Londres 1,17%.

Il n'empêche que la Grèce est à nouveau au coeur de la tourmente et devrait être à l'ordre du jour de sa rencontre avec Mme Lagarde, a reconnu lundi Mme Merkel.

Une émission de dette à six mois mardi s'est certes soldée par un taux en très légère baisse, mais, à 4,9%, reste toujours trop élevé, alors que le pays bataille à nouveau pour éviter le défaut de paiement, et obtenir la prochaine tranche d'un prêt qui lui est vital.

Selon la presse allemande le FMI, l'un de ses trois bailleurs de fonds institutionnels (la «troïka»), a de sérieux doutes sur la capacité d'Athènes à remettre ses finances publiques dans le droit chemin.

Or le feu vert de la troïka est nécessaire au déblocage de cet argent. «Nous voulons que la Grèce reste dans la zone euro», a assuré lundi la chancelière «(...) mais la Grèce doit vraiment remplir ses engagements vis-à-vis de la troïka», et notamment mener tambour battant les négociations avec ses créanciers privés sur une restructuration de la dette.

Or les banques de la zone euro ont d'autres soucis. Elles continuent d'entreposer des montants records de liquidités auprès de la Banque centrale européenne (BCE), plus de 480 milliards d'euros entre lundi et mardi, signe des dysfonctionnements du marché inter-bancaire.

Tout cela augmente le risque de faillite désordonnée de la Grèce «avec un risque de contagion à l'Italie et d'autres», commentaient dans une note les analystes de Barclays Capital, jugeant que du coup «le FMI est de plus en plus susceptible de s'impliquer avec des moyens préventifs pour l'Italie et éventuellement l'Espagne».

La zone euro n'est pas la seule à donner du fil à retordre au FMI: à ses frontières, la Hongrie est elle aussi en péril. Une délégation hongroise se rendra mardi au siège du FMI à Washington et reprendra les négociations sur l'obtention d'un prêt.

La situation de la Hongrie a des répercussions sur son voisin autrichien, l'un des six pays de la zone euro à bénéficier du «triple A». «Il y a un vrai danger que (les banques autrichiennes) soient entraînées par la crise là-bas», commentent Ulrich Wortberg et Viola Stork, de la banque Helaba. Et par ricochet, cela a affecté ces derniers temps les taux obligataires autrichiens. Mais Vienne a émis sans problème mardi deux obligations, à quatre et à dix ans.

La Haye, un autre émetteur «AAA», va aussi s'adresser au marché mardi avec une obligation à trois ans. La demande devrait être forte, prédit Commerzbank, alors que le retour de la crise a aiguisé l'appétit des investisseurs pour les placements sûrs. L'Allemagne a même emprunté lundi à taux négatif, tout comme mardi la Suisse, havre de sécurité hors de la zone euro.