Le président français Nicolas Sarkozy se veut optimiste sur les avancées du sommet de Bruxelles pour sortir de la crise. L'accord obtenu vendredi entre 26 des 27 pays de l'Union européenne «crée les conditions du rebond et de la sortie de crise», estime le président français dans un entretien publié lundi dans le journal Le Monde.

Dans le même temps, les marchés financiers étaient orientés à la baisse, lundi, marquant leur inquiétude quant à l'efficacité et à l'application de l'accord.

«Ce sommet marque une étape décisive vers l'intégration européenne. À ce titre, il crée les conditions du rebond et de la sortie de crise», déclare le chef de l'État dans Le Monde, tout en se gardant de dire que le risque d'explosion de l'UE est «totalement écarté». «Nous avons fait tout ce qu'il était possible de faire», assure-t-il.

«La vérité est qu'il nous a fallu réparer en pleine crise les insuffisances de l'euro au moment de sa création», poursuit M. Sarkozy. «Si vous voulez bien considérer que le tout s'est déroulé sur le fond d'une crise de la dette sans précédent dans l'histoire du monde, je n'ai nullement cherché à dramatiser lorsque j'ai dit que nous étions tous au bord du précipice.»

Le chef de l'État précise que le «contenu juridique» de l'accord européen sera mis au point «dans les quinze prochains jours» et rappelle l'objectif d'aboutir au texte définitif du traité au mois de mars. Le processus de ratification sera lancé ensuite dans chaque pays, soit, dans le cas de la France, après l'élection présidentielle.

Face aux réactions des marchés dans les mois à venir, «il faut beaucoup de sang-froid pour ne pas surréagir et le même sang-froid pour ne pas sous-réagir», souligne M. Sarkozy.

Si les agences de notation devaient retirer la note AAA à la France, «nous affronterions cette situation avec sang-froid et calme», promet le président. «Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable. Ce qui compte avant tout, c'est la crédibilité de notre politique économique et notre stratégie déterminée de réduction de nos dépenses.»

À moins d'une heure de la fermeture des marchés, en France, le CAC-40 était en chute de 1,81% à 3114 points, tandis que le Dax allemand plongeait de 2,42% à 5841 points, et le FTSE britannique perdait 1,37% à 5454 points. Dans le même temps, aux États-Unis, le Dow Jones était en baisse de 1,25% à 12 027 points.

L'agence de notation Moody's a estimé lundi que le sommet européen n'avait abouti qu'à «peu de nouvelles mesures».

«En conséquence, les mesures annoncées ne changent pas le point de vue précédemment exprimé par Moody's, qui est que la crise est à un stade décisif et instable», explique l'agence, qui maintient son intention d'observer tous les pays européens au premier trimestre 2012 en vue d'une éventuelle dégradation de leur note.

Évoquant le Royaume-Uni - seul pays à s'être catégoriquement opposé à l'accord européen -, Nicolas Sarkozy juge qu'«il y a clairement deux Europe». «L'une qui veut davantage de solidarité entre ses membres, et de régulation. L'autre qui s'attache à la seule logique du marché unique», explique-t-il, tout en ajoutant que la sortie de l'UE de ce pays n'est «pas d'actualité».

Quant à la règle d'or, le chef de l'État reproche une nouvelle fois au Parti socialiste son attitude sur le sujet. Le PS refuse actuellement l'idée d'inscrire un tel principe dans la Constitution. «J'aurais aimé que toutes les formations politiques françaises s'inspirent de ce qu'on fait les Espagnols et les Allemands en adoptant par consensus cette règle», souligne M. Sarkozy.

Vendredi à Bruxelles, tous les pays de l'Union européenne à l'exception du Royaume-Uni se sont déclarés prêts à un nouveau pacte budgétaire. Selon cet accord intergouvernemental, chaque pays concerné devra présenter un budget équilibré, avec un déficit structurel inférieur à 0,5 pour cent du produit intérieur brut - une «règle d'or» budgétaire qui devra être adoptée au niveau constitutionnel.

La Cour européenne de justice sera chargée de vérifier la conformité de sa transposition au niveau national. Les pays dont le déficit public dépasserait les trois pour cent s'exposeraient à des sanctions automatiques, à moins qu'une majorité qualifiée d'États membres de la zone euro ne s'y oppose.