Ils estiment que 23 000 personnes ont perdu un demi-milliard lors de «privatisations illégales».

Des petits actionnaires s'estimant victimes d'un stratagème financier réclament une enquête publique sur l'inaction de l'Autorité des marchés financiers (AMF), laquelle ne se serait pas portée à leur défense.

Le groupe s'est rassemblé hier après-midi au square Victoria pour dénoncer les «privatisations illégales», soit quand des entreprises en difficultés financières se retirent de la Bourse, rendant nulles les actions des petits investisseurs. Ceux-ci estiment que cette pratique a fait perdre un demi-milliard à plus de 23 000 actionnaires minoritaires.

Jusqu'en 2009, Stéphane Robert dirigeait Raymor, une entreprise québécoise de haute technologie. En difficulté financière, la compagnie cotée en bourse s'était placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. De nouveaux membres du conseil d'administration ont alors procédé à une privatisation de l'entreprise, rendant ainsi nulles les actions de 8000 actionnaires minoritaires qui valaient plus 30 millions.

«C'est une business qui est permise au Québec, sur laquelle l'AMF ferme les yeux. On veut que ça cesse. Il faut que cette farce arrête», a dénoncé Stéphane Robert, qui estime avoir lui-même perdu 18 millions dans l'aventure.

Depuis deux ans, l'ex-PDG de Raymor dit avoir dépensé un demi-million en frais d'avocats pour tenter d'obtenir justice, sans succès. Il accuse l'AMF d'avoir caché des éléments qui auraient pu aider sa cause. Il a été impossible d'avoir une réaction de l'Autorité, hier.

Les actionnaires devaient rencontrer le ministre adjoint aux Finances, Alain Paquet, à la mi-décembre, mais la rencontre a été annulée hier par son cabinet. «Comme la cause de Raymor est toujours devant les tribunaux, on ne pourra par les rencontrer. On ne peut pas se mêler du judiciaire», a indiqué Christine Harvey, attachée de presse du ministre.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, soutient la cause de ces petits actionnaires, y voyant un lien direct avec le mouvement des indignés qui ont occupé le square Victoria pendant plus d'un mois pour dénoncer le système financier. «L'épargne de dizaines de milliers d'investisseurs est menacée par des pratiques abusives de financiers prédateurs», a lancé l'élu. «On sait qu'il y a des financiers prédateurs qui attendent que des entreprises soient fragilisées pour utiliser tous les subterfuges, légaux la plupart du temps, pour en prendre le contrôle. Ce qu'on dit, c'est que l'AMF ne devrait pas permettre ça, qu'elle devrait être plus soucieuse des petits actionnaires.»