L'annonce de l'adoption par l'Italie d'un plan de rigueur draconien a été marquée par une série d'évènements insolites dimanche: une ministre qui a fondu en larmes en annonçant des sacrifices pour les retraités et un premier ministre qui s'est privé de son salaire.

La ministre des Affaires sociales Elsa Fornero, considérée comme l'une des principales expertes italiennes en matière de retraites, a éclaté en sanglots au beau milieu d'une phrase où elle soulignait combien le durcissement du système actuel lui avait «coûté psychologiquement».

C'est justement le terme de «sacrifices» qui est resté en travers de la gorge de la ministre, lors de la conférence de presse d'annonce des nouvelles mesures d'austérité italiennes, retransmise en direct par de nombreuses télévisions nationales.

Mme Fornero a craqué quand elle a admis que les retraites ne seraient plus indexées sur l'inflation à partir de 2012, sauf pour les deux plus basses tranches de revenus.

Le chef du gouvernement Mario Monti a alors pris la parole, en soulignant avec une légère pointe d'ironie combien «la ministre a transmis avec efficacité la notion de sacrifices».

Les larmes de Mme Fornero ont immédiatement suscité des commentaires. Le président de la Confédération des agriculteurs, Mario Guidi, a estimé que «son émotion restitue de l'humanité à l'action du gouvernement».

«Au-delà des commentaires sur le plan (d'austérité), nous apprécions le dévouvement, la compétence et le travail de ceux qui se sont prêtés à la très difficile tâche qui consiste à diriger en ce moment l'Italie», a ajouté M. Guidi.

Évoquant les sacrifices exceptionnels demandés aux Italiens, M. Monti a pour sa part annoncé devant la presse qu'il jugeait «de son devoir de renoncer à ses salaires de premier ministre et ministre de l'Économie et des Finances».

Il a dit avoir un moment pensé les redonner à des «organismes méritants mais comme, en ce moment, l'organisme méritant, c'est l'État, il me semble que ce soit une belle chose de lui restituer» ces émoluments.

Il a ajouté que c'était «une décision personnelle» et qu'il ne faisait absolument pas pression sur les ministres pour qu'ils en fassent autant. «Je ne vois rien d'immoral à ce qu'un ministre ait une rémunération», a-t-il dit.

À un journaliste qui l'interrogeait sur le salaire qu'il avait perçu dans ses 17 jours au gouvernement, M. Monti a ironisé: «je n'ai rien perçu jusqu'ici, je n'ai même pas eu le temps de donner mes coordonnées bancaires» à l'administration, a-t-il dit.

Toujours pour montrer l'exemple, M. Monti a affirmé que lui-même et tous les ministres de son gouvernement «déclareront leur patrimoine dans leur totalité».

M. Monti, qui a réduit sensiblement en trois semaines le train de vie de l'État en empruntant davantage le train ou en réduisant la taille des avions officiels, s'était rendu à pied à la conférence de presse, organisée dans un bâtiment annexe du siège du gouvernement, le Palais Chigi.

Pendant qu'il traversait la célèbre artère commerçante du Corso, accompagné de ses ministres et de ses gardes du corps, il a été salué par des badauds aux cris de «Bravo Mario, grande Mario» (bravo Mario, tu es le plus fort).