Les ministres européens des Finances ont amorcé hier à Bruxelles un marathon de deux jours. Objectif: trouver des moyens crédibles de contenir la crise de la dette publique qui s'étend à tous les membres de la zone euro et même au-delà. C'est l'ultime séance de travail avant le sommet décisif des chefs d'État, le 9 décembre.

À l'ordre du jour: accroître le rôle de la Banque centrale européenne (BCE), dont les statuts lui interdisent de prêter directement aux 17 États qui se partagent l'euro; renforcer la force de frappe du fonds européen de stabilité financière (FESF). À peine 300 des 440 milliards d'euros de sa cagnotte initiale ne sont pas engagés, ce qui paraît bien faible quand on sait que l'Italie devra refinancer 300 milliards de sa dette de 1900 milliards, l'an prochain.

La Péninsule est parvenue hier à en refinancer 7,5 milliards, mais seulement en consentant des taux supérieurs à 7% pour des emprunts venant à échéance dans 3, 10 et 11 ans. Les prêteurs ont même exigé 7,89% pour les 3,5 milliards d'obligations venant à terme en 2014. Le mois dernier, ils s'étaient contentés de 4,93%.

La Belgique est aussi venue au marché, mais avec des échéances très courtes de trois et six mois pour lesquelles elle a dû consentir les taux les plus élevés en trois ans. La France et l'Espagne doivent émettre de la dette demain.

Les ministres des Finances se sont entendus hier sur le versement de la quatrième tranche du premier plan de sauvetage de la Grèce adopté l'an dernier. Athènes va recevoir 5,8 milliards d'euros d'ici la mi-décembre et peut s'attendre à 2,2 milliards de plus avancés par le Fonds monétaire international (FMI).

Les ministres cherchent à intensifier l'intervention du FMI. D'ailleurs, tard en soirée hier (heure de Bruxelles), les ministres de la zone euro se sont entendus pour travailler «rapidement» à une augmentation des ressources du FMI pour qu'il puisse mieux aider l'Europe à faire face à la crise de la dette, a annoncé leur chef de file, Jean-Claude Juncker.

La zone euro réfléchit aussi à l'option qui verrait la BCE effectuer aussi des prêts au FMI pour renforcer sa capacité d'aide aux pays en difficulté.

Il en faudra davantage toutefois pour infléchir l'Allemagne qui prône la discipline fiscale et refuse que la BCE achète directement la dette des pays de la zone.

Le premier ministre italien, le technocrate Mario Monti, également ministre des Finances, a d'ailleurs pris connaissance hier d'un rapport de la Commission européenne lui enjoignant d'accélérer et intensifier de difficiles réformes pour atteindre l'équilibre budgétaire dès 2013.

Cela sera exigeant, étant donné que l'Italie entre en récession et que l'OCDE lui prédit une décroissance de 0,5%, l'an prochain.

L'Allemagne subit quant à elle de plus en plus de pressions pour jeter du lest. À Berlin lundi soir, le ministre polonais Radoslaw Sikorski lui a conseillé d'avoir plus de leadership: «J'ai moins peur de la puissance allemande que je commence à craindre son inaction», a-t-il dit.

La crise force aussi le Royaume-Uni à durcir son plan d'austérité et à se préparer à une rechute en récession.