La Commission européenne demande à l'Italie d'aller plus vite et plus loin dans ses réformes afin d'être dans les clous en termes de déficits et de stimuler sa croissance atone, dans un rapport remis aux ministres des Finances de la zone euro dont l'AFP a eu connaissance mardi.

«Des mesures supplémentaires sont nécessaires pour s'assurer d'atteindre les objectifs de réduction budgétaire (...) et également pour stimuler à nouveau la croissance», indique ce rapport rédigé à la suite d'une inspection de Bruxelles dans le pays. Il devait être discuté mardi soir dans le cadre de l'Eurogroupe, où le nouveau premier ministre italien Mario Monti, qui a succédé à Silvio Berlusconi, sera présent en qualité de ministre des Finances.

«L'Italie doit agir vite au vu du défi considérable qui l'attend. Pour inverser la tendance sur les marchés, les réformes-clés doivent être avancées», souligne le document, alors que le pays vient de lever des fonds sur le marché de la dette à des taux records mardi, ce qui reflète une aggravation de la crise.

«Le programme politique a besoin d'être plus ambitieux en matière de substance et de calendrier», recommande-t-il.

Les experts de la Commission préconisent en particulier que Rome mette en place des «réserves» afin de garantir que les objectifs budgétaires affichés (déficit public de 1,6% du PIB l'an prochain puis retour à l'équilibre l'année suivante) soient respectés même dans un contexte de croissance plus faible qu'attendu dans le pays.

Rome doit aussi accélérer la réforme des retraites, faire davantage porter l'effort fiscal sur la consommation et les biens immobiliers et moins sur le travail, assouplir les conditions de licenciement et réformer plus en profondeur l'administration publique du pays.

Face à l'urgence de la situation, le gouvernement de Mario Monti devrait justement adopter la semaine prochaine un nouveau tour de vis pour tenir l'objectif de l'équilibre budgétaire en 2013 ainsi que des mesures destinées à relancer la croissance.

Le nouveau plan pourrait, selon les médias italiens, représenter un effort de 20 à 25 milliards d'euros, contre une prévision initiale de 13 à 15 milliards d'euros, alors que la conjoncture économique s'est assombrie et que l'Italie devrait être en récession en 2012, selon l'OCDE.

Selon la presse, une nouvelle hausse de la TVA, une augmentation de la taxation sur le patrimoine immobilier, un durcissement des conditions de départ en retraite ainsi que des mesures de libéralisation de l'économie et de relance des infrastructures sont examinés.

L'Italie a été aspirée à son tour par la crise de la dette en zone euro en raison d'une dette colossale de 1900 milliards d'euros (120% du PIB), d'une croissance faible et des doutes jusqu'ici des autorités à mener les réformes jugées nécessaires pour remettre le pays sur les rails.

Elle a vu encore mardi ses taux d'emprunt bondir sur le marché obligataire, à nettement plus de 7%, un niveau record jugé insoutenable sur la durée.

Toute l'attention de la zone euro est concentrée sur l'Italie car si le pays devait être contraint à faire appel à l'aide extérieure, la survie de la zone euro toute entière serait menacée.

À l'heure actuelle, le Fonds de secours de l'Union monétaire, le FESF, n'a pas les moyens de se porter au secours d'un pays qui aura l'an prochain des besoins de refinancement évalués à quelque 400 milliards d'euros.

Pour cette raison, Rome et Paris verraient d'un bon oeil que la Banque centrale européenne accentue son soutien. Mais l'Allemagne bloque.