Le propriétaire des Hôtels Jaro, Jacques Robitaille, soutient dur comme fer que son courtier et la Financière Banque Nationale (FBN) sont responsables des pertes de plus de 4,1 millions qu'il a subies sur les marchés en 1996 et 1997. Mais ce n'est pas l'avis des tribunaux.

Après la Cour supérieure en février 2009, la Cour d'appel a récemment débouté l'homme d'affaires de la région de Québec et a tranché en faveur du représentant Jean-Guy Coulombe et de la filiale de la Banque Nationale.

M. Robitaille leur reproche d'avoir agi sans mandat, d'avoir manqué à leur devoir d'information sur les risques des placements suggérés et de ne pas avoir respecté ses objectifs d'investissement. Les deux cours n'ont rien retenu de ses arguments.

Jacques Robitaille est le fils d'un couple d'agriculteurs et le cadet d'une famille de 14 enfants, explique la juge Danielle Blondin dans sa décision de 2009. À la mort de ses parents, alors qu'il n'a que 6 ans, il est élevé par ses frères et soeurs.

À 18 ans, il travaille comme livreur d'huile la nuit et rénove de jour un immeuble de 5 logements légué par ses parents, qu'il vend par la suite. Il achète après coup une bâtisse de 10 logements et exploite l'épicerie du rez-de-chaussée. C'est le début de sa carrière dans l'immobilier et l'hôtellerie.

M. Robitaille fait l'acquisition de son premier établissement en 1976, le Québec Inn, puis le Plaza Universel quelques années plus tard pour 12 millions.

En 1996, la valeur des actifs du prolifique homme d'affaires atteint 20 millions. Ses commerces emploient 400 personnes et génèrent des revenus annuels bruts de 20 millions.

C'est en 1991 que M. Robitaille retient les services du représentant Jean-Guy Coulombe, de la Financière Banque Nationale.

Au cours des trois années qui suivent, son compte n'affiche que quelques transactions «pépères». Toutefois, à l'approche du référendum dont les conséquences l'inquiètent, en octobre 1995, M. Robitaille transfère une partie de son portefeuille en dollars américains et joue sur la variation des taux de change. La manoeuvre lui procure un profit de 139 000$.

En février 1996, M. Coulombe suggère à son client d'acheter pour 4 millions de dollars d'obligations américaines, mais la transaction se solde par une perte sur papier de 231 081$, quelques semaines plus tard.

M. Robitaille demande alors à son courtier de lui proposer une stratégie pour renverser la vapeur. M. Coulombe lui soumet donc un plan incluant la vente à découvert de contrats d'options étalonnés sur l'indice S&P 500.

De mars à juillet, M. Robitaille empoche un gain de 208 800$.

«En août, bien que la possibilité s'offre à lui de se retirer de ce marché spéculatif, il (M. Robitaille) décide de s'exposer davantage au risque en demandant à Coulombe de vendre 100 contrats d'options additionnels. Ce choix stratégique marque le début des malheurs financiers [de M. Robitaille]», écrit la Cour d'appel dans son jugement rendu à la fin octobre.

De fait, une série d'autres transactions beaucoup moins heureuses faites par la suite se soldent par une perte de 3,7 millions, en juin 2007.

Au cours du premier procès, M. Robitaille a prétendu que les mauvais conseils de M. Coulombe ont causé sa perte.

Voici ce que dit la Cour d'appel à ce sujet: «Robitaille n'était [...] pas l'investisseur vulnérable qu'il prétend être aujourd'hui. Sa personnalité, son expérience du milieu des affaires et celle acquise sur le marché boursier [permettaient] à la juge de conclure que les conseils donnés par Coulombe étaient au diapason de la véritable situation du client.»

Joint par La Presse Affaires, l'avocat de M. Robitaille, Serge Létourneau, a indiqué qu'il étudie le jugement de la Cour d'appel et qu'il songe à porter le litige devant la Cour suprême.