La chancelière allemande Angela Merkel a estimé mercredi que la zone euro n'avait pas encore donné de réponse suffisante à la crise, réitérant son appel à modifier les traités européens, en présence de son homologue irlandais nettement plus réservé sur la question.

«Je crois que nous n'avons pas donné de réponse suffisante à la question de l'avenir de la zone euro», a dit Mme Merkel lors d'une conférence de presse commune avec le premier ministre irlandais Enda Kenny, en réponse à une question sur la défiance manifeste des marchés financiers à l'égard d'un nombre grandissant de pays qui partagent la monnaie unique.

«La confiance» dans la capacité de certains pays à remettre leurs finances publiques dans le droit chemin et à réformer leur économie «n'est pas suffisamment là», a-t-elle ajouté.

Pour Berlin, le seul moyen d'instaurer cette confiance est d'institutionnaliser la discipline budgétaire, par des changements des traités européens qui renforceraient les pouvoirs de Bruxelles pour punir les contrevenants au Pacte de stabilité et de croissance, a répété Mme Merkel.

Elle a redit son opposition à une intervention plus poussée de la Banque centrale européenne (BCE) en faveur des pays en difficulté. «Les traités européens tels que nous les voyons ne donnent pas à la BCE la possibilité de résoudre ces problèmes», a-t-elle dit.

M. Kenny ne partage pas cet avis. «Seule la BCE a la capacité d'agir comme pare-feu infranchissable», a-t-il dit lors d'un colloque quelques heures plus tard, toujours à Berlin, rejoignant le choeur de ceux qui appellent l'institution monétaire à en faire plus, à savoir à racheter en masse de la dette des pays attaqués.

Au terme des décisions prises par les dirigeants européens fin octobre, c'est le fonds de stabilité financière FESF renforcé qui doit s'atteler à cette tâche. Mais «les deux options (de renforcement du FESF) n'ont visiblement pas convaincu le marché», a dit M. Kenny. «Pour nous, petit pays, la contagion est un vrai souci», a-t-il souligné.

Il a aussi rejeté l'introduction au niveau de la seule zone euro d'une taxe sur les transactions financières, que Paris et Berlin notamment appellent de leurs voeux. «Nous ne voudrions pas d'une situation où l'Irlande en aurait une, et pas Londres», a-t-il dit, évoquant «un désavantage compétitif» pour la place financière de Dublin.

L'Irlandais, dont le pays a dû solliciter l'aide financière du FESF fin 2010 mais est en bonne voie de résoudre ses problèmes, n'est pas non plus sur la ligne allemande en ce qui concerne les changements de traité.

«J'aimerais voir la flexibilité qui existe déjà poussée dans ses derniers retranchements», a-t-il dit, se montrant réticent à embarquer dans un nouveau processus d'approbation son pays, où les citoyens avaient été appelés aux urnes deux fois de suite pour se prononcer sur le traité de Lisbonne.

Les plans allemands de changement des traités ne sont pas accueillis partout avec enthousiasme, que ce soit dans la zone euro ou parmi les dix autres pays membres de l'Union européenne, notamment le Royaume-Uni.

Le premier ministre britannique David Cameron est attendu à Berlin ce vendredi.