La Commission européenne compte proposer de renforcer nettement la surveillance des budgets nationaux des pays dont les déficits dérapent, a prévenu mercredi son président José Manuel Barroso, en parlant d'une crise «systémique» qui frappe la zone euro.

Il est nécessaire «d'augmenter la surveillance, surtout pour les États membres de l'UE qui mettent en danger la stabilité financière de tous», a dit M. Barroso devant le Parlement européen à Strasbourg.

Les pays connaissant des «difficultés financières» et qui ont besoin d'une assistance extérieure, comme aujourd'hui la Grèce, l'Irlande et le Portugal, devraient être soumis à une «surveillance accrue» pendant que les programmes d'aide sont en cours, mais aussi après, a-t-il ajouté.

L'exécutif européen compte faire le 23 novembre des propositions en ce sens.

Mais la Commission souhaite aller plus loin et proposer à cette occasion d'accroître aussi le contrôle des projets de budgets nationaux des pays de l'UE qui font l'objet d'une procédure pour déficit public excessif par rapport à la limite de 3% du Produit intérieur brut (PIB) fixée par le Pacte de stabilité, a indiqué M. Barroso.

L'Union européenne pourrait ainsi imposer le cas échéant que les projets de budgets nationaux soient réexaminés «en seconde lecture» par les Parlements nationaux «dans les cas graves» s'ils dévient trop par rapport aux règles de discipline communes.

En outre, la Commission contrôlera non seulement l'exécution des budgets, mais pourrait aussi recommander si nécessaire des «amendements» ultérieurement «dans le courant de l'année» aux lois de finance nationales, a souligné M. Barroso.

«La décision finale sur les budgets nationaux restera là où elle doit être, au sein des parlements nationaux», a assuré M. Barroso. Mais «les Parlements nationaux doivent être rendus plus conscients des règles européennes», a-t-il souligné.

«Une surveillance accrue amènera la Commission à jouer un rôle plus important dans des domaines qui étaient de la sphère exclusive des gouvernements ou Parlements nationaux», a reconnu M. Barroso. «Mais c'est nécessaire si on veut avoir une monnaie unique», a-t-il ajouté.

«Nous faisons face à une crise réellement systémique» dans la zone euro, a réaffirmé M. Barroso.

Intervenant également devant le Parlement, le président de l'UE, Herman Van Rompuy, n'a pas exclu pour sa part un renforcement supplémentaire des sanctions déjà prévues à l'encontre des États qui laissent filer leurs déficits publics dans la zone euro.

Il doit faire en décembre des propositions sur le sujet et s'est interrogé sur la nécessité par exemple de priver de leurs droits de vote dans l'Union européenne les pays trop laxistes, ou de geler leurs subventions européennes. Des idées qui ont déjà circulé il y a plusieurs mois, mises en avant par l'Allemagne principalement, mais avaient été provisoirement abandonnées.

«Peut-être devrions-nous aller plus loin en termes d'automaticité des sanctions prévues par la procédure de déficit excessif. Devons-nous fournir, dans les cas extrêmes, des sanctions supplémentaires telles que la suspension des droits de vote, la suspension des fonds structurels ou autres subventions, ou intervenir dans les procédures budgétaires nationales?», a dit le président de l'UE.

Les propositions à venir visant à durcir le contrôle des budgets nationaux n'ont pas été du goût de tous les députés européens.

«Vous voulez bâtir une dictature budgétaire» en Europe, a rétorqué le député eurosceptique tchèque Jan Zahradil.