L'Italie est parvenue à rassurer un peu les investisseurs vendredi avec l'adoption au Sénat d'un plan anti-crise promis à l'UE, prélude au départ attendu samedi de Silvio Berlusconi, tandis que la Grèce s'est dotée d'un gouvernement au complet et a reçu le soutien de Berlin.

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Les sénateurs italiens ont adopté sans difficulté les réformes anti-crise après avoir salué avec chaleur l'arrivée en leur sein de l'ex-commissaire européen Mario Monti, pressenti pour succéder au «Cavaliere» et nommé mercredi sénateur à vie.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, en visite en Italie, a qualifié ce vote de «pas dans la bonne direction», avant l'adoption des mêmes mesures prévue à la Chambre des députés samedi. Silvio Berlusconi s'est engagé à démissionner juste après.

Ensuite, la balle passera dans le camp du président Giorgio Napolitano, que M. Van Rompuy devait rencontrer vendredi soir avant une entrevue avec le «Cavaliere». Le chef de l'État mènera des consultations et choisira rapidement, sans doute dès dimanche, un successeur au magnat des télévisions.

Les marchés continuaient de parier sur la désignation rapide de «Super Mario» à la tête d'un gouvernement de transition.

La Bourse de Milan a gagné 3,68% vendredi et les taux obligataires italiens se sont repliés à environ 6,5%, sous le seuil psychologique des 7% qu'ils avaient largement dépassé au pic de la crise de confiance dans l'Italie. Selon des opérateurs financiers, M. Monti «vaut 100 à 150 points d'écart entre les taux des emprunts d'État italiens et allemands».

Alors que les inquiétudes se renforçaient sur la France, le président Nicolas Sarkozy a estimé qu'il fallait rapidement «remettre sur les rails la Grèce et l'Italie», ajoutant que c'était «ce qui est en train de se passer».

À Athènes, un nouveau gouvernement a prêté serment sous la houlette de l'ex-banquier central européen Lucas Papademos. Le ministre des Finances Evangélos Vénizélos, socialiste de 54 ans, conserve son poste après avoir joué un rôle clé ces derniers mois lors de l'aggravation de la crise grecque.

Dans un télégramme de félicitations, la chancelière allemande Angela Merkel a assuré M. Papademos que l'Allemagne «soutiendra» la Grèce dans ses efforts pour sortir de la crise.

Maintenant que la situation est stabilisée en Grèce, le chef du fonds de secours de la zone euro, Klaus Regling, a appelé Rome à se dépêcher de former «un gouvernement capable de fonctionner».

M. Monti, déjà reçu pendant deux heures jeudi, a revu vendredi le président Napolitano, devenu le «deus ex machina» de la politique italienne, pour discuter du gouvernement de transition, qui pourrait prendre ses fonctions dès lundi matin.

Le chef de l'État privilégie, selon les médias italiens, un gouvernement «de large entente», soutenu par une ample majorité parlementaire, où siégeraient à la fois le PDL de M. Berlusconi et l'opposition de gauche et centriste, jusqu'aux législatives du printemps 2013.

Cette hypothèse suscite de gros remous au sein du PDL du «Cavaliere», qui serait prêt à accepter une telle solution de transition alors que des poids lourds de son parti réclament des élections immédiates pour clarifier le jeu politique.

Dans un discours à Florence, M. Van Rompuy a souligné que «le pays a besoin de réformes, pas d'élections». Les investisseurs et partenaires étrangers de l'Italie, troisième économie de la zone euro, redoutent une période de flottement pendant les trois ou quatre mois que durerait une campagne électorale.

Les mesures anti-crise promises à l'UE (cessions de biens étatiques, allègement de la bureaucratie, incitations à l'embauche) devraient être adoptées définitivement samedi après-midi à la Chambre des députés.

Peu après, M. Berlusconi devrait se rendre au Quirinal, siège de la présidence, pour démissionner. Un conseil des ministres appelé sans doute à valider la dissolution du gouvernement est programmé samedi à 12h.

Le gouvernement Berlusconi s'était engagé à adopter le plan anti-crise d'ici la fin novembre. Mais sous la pression des marchés et des partenaires européens, le président Napolitano a accéléré le processus et imposé le départ de M. Berlusconi, quand il a constaté mardi que celui-ci avait perdu la majorité à la Chambre des députés.

Les réformes ne sont cependant pas jugées suffisantes pour redresser les comptes de l'Italie qui ploie sous une dette colossale (1900 milliards d'euros, 120% du PIB).

Bruxelles dont une mission d'inspection était à Rome cette semaine, presse l'Italie d'adopter aussi de nouvelles mesures d'austérité, estimant que les deux plans votés en juillet et en septembre pour 60 milliards d'euros ne lui permettront pas d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2013.