Silvio Berlusconi a promis mardi d'accélérer ses réformes structurelles, après l'annonce d'un référendum en Grèce, qui place de nouveau l'Italie surendettée en première ligne d'un risque de contagion de la crise de la dette et suscite l'alarme dans les milieux socio-politiques.

Dans un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement a promis des mesures financières «dans des temps rapides», avant même le G20 qui s'ouvre jeudi à Cannes. Rentré d'urgence de sa résidence milanaise à Rome, il a convoqué dans la soirée les ministres concernés.

De leur côté, les organisations patronales italiennes ont lancé un appel au ton dramatique, appelant le gouvernement à «agir immédiatement», faute de quoi il «portera une responsabilité historique à l'égard des Italiens et de toute la communauté internationale».

«La situation sur les marchés financiers se précipite et notre pays se trouve au centre des turbulences internationales. Nous ne pouvons pas courir le risque de perdre en quelques semaines ce que nous avons construit en décenies de travail», ont lancé ces organisations.

Le président de la République a appelé aussi le gouvernement «à agir d'urgence».

«C'est une des journées les plus dramatiques que l'Italie ait vécues depuis cette crise financière», a estimé le chef du premier parti d'opposition (gauche), Pier Luigi Bersani.

Car moins d'une semaine après le satisfecit obtenu auprès de ses partenaires européens sur des promesses de réformes structurelles, censées alléger la dette colossale du pays (1900 milliards d'euros, soit environ 120% du PIB), l'Italie a connu mardi une journée noire.

Avec des valeurs bancaires en chute, la Bourse a plongé jusqu'à plus de 7% à la mi-journée pour terminer la séance à -6,80%, son pire résultat depuis le début de la crise financière en octobre 2008. De leur côté, les taux d'intérêt ont atteint des sommets, nettement au-dessus de 6%, seuil jugé dangereux par les experts.

Le référendum en Grèce risque d'anéantir les effets de l'accord conclu jeudi dernier à Bruxelles, qui prévoit de porter la force de frappe du fonds de soutien européen de 440 milliards à 1000 milliards environ pour éviter justement une contagion de la crise à la troisième économie de la zone euro.

L'écart de taux (spread), qui mesure la prime de risque entre les taux italien et allemand a atteint un nouveau record à 455 points de base, soit son plus haut niveau jamais atteint depuis la création de la zone euro.

«Les taux d'intérêt montent au ciel, les Bourses tombent en enfer», résumait le site d'information financière italien firstonline.info, qui qualifiait de «catastrophe» la décision du premier ministre grec Georges Papandréou d'organiser un référendum.

Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a dénoncé la décision grecque qui «pèse lourdement sur les échanges». «Il s'agit d'un choix inattendu qui génère des incertitudes après le Conseil européen et à la veille de l'importante rencontre du G20 à Cannes», a-t-il souligné.

Dès le matin, le Cavaliere a tenté de rassurer les marchés. Les mesures annoncées à Bruxelles seront «présentées aux partenaires du G20» et «les choix du gouvernement seront appliqués avec la détermination, la rigueur et la rapidité imposées par la situation», a-t-il assuré.

Selon des sources proches des marchés, la Banque centrale européenne a racheté de la dette obligataire italienne, au jour de l'entrée en fonctions de son nouveau directeur, l'Italien Mario Draghi.

«La situation est extrêmement grave. Nous savons tous que si nos taux d'intérêt s'approchent de 7%, le risque devient incontrôlable», a déclaré à la chaîne de télévision SkyTG24 Nicola Rossi, économiste et sénateur de l'opposition, estimant que «l'Italie est le maillon faible de la chaîne euro».

Si la décision grecque a eu un impact sur l'ensemble des Bourses européennes, l'Italie et l'Espagne ont été touchées en première ligne. «Ces pays ont des difficultés à se refinancer sur le marché car les investisseurs ont des craintes, sans doute exagérées», estime René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis.

«L'Italie n'est pas la Grèce. C'est un grand pays, industriel, avec l'un des excédents primaires les plus élevés de la zone euro», tempère-t-il, sans oublier toutefois les handicaps de la péninsule, notamment sa dette et une «croissance très faible».

Pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore, la situation de l'Italie «s'est détériorée à cause de nos hésitations. Nous nous sommes mis tout seuls dans ce pétrin et nous ne pouvons nous en sortir que tout seuls. Tout dépend de nous», lance son directeur Roberto Napoletano dans un éditorial mis en ligne dans la journée.