Rajat Gupta, un grand nom des affaires aux États-Unis, ex-administrateur de Goldman Sachs, a plaidé non coupable mercredi après avoir été inculpé de fraude boursière, un nouveau rebondissement spectaculaire dans l'enquête sur l'affaire de délit d'initiés du fonds Galleon.

Rajat Gupta, 62 ans, également ancien administrateur de Procter & Gamble, et ex-directeur général du cabinet McKinsey, a été remis en liberté contre une caution de 10 millions de dollars.

Un premier juge, Kevin Fox, a fixé le montant de la caution et lui a demandé de remettre son passeport. Il lui a interdit de quitter le territoire américain.

«Nous souhaitons plaider non coupable de toutes les charges», a ensuite déclaré l'avocat de Rajat Gupta, Gary Naftalis, devant un deuxième magistrat, le juge Jed Rakoff.

M. Gupta, qui s'était rendu aux autorités mercredi matin, est accusé de «complot pour commettre une fraude boursière» et de «fraude boursière» : six chefs d'accusation ont été retenus contre lui, et il encourt plus de 100 ans de prison et 25 millions de dollars d'amende.

«Les allégations du gouvernement n'ont absolument aucun fondement. Les faits dans cette affaire montrent que M. Gupta est innocent (...) et qu'il a toujours agi avec honnêteté et intégrité» avait déclaré Gary Naftalis dans un communiqué avant l'audience.

M. Gupta, d'origine indienne, est un ami de longue date du milliardaire d'origine sri-lankaise Raj Rajaratnam, le patron fondateur du fonds d'investissement Galleon condamné le 13 octobre à 11 ans de prison.

M. Gupta «n'a jamais vendu de titres, n'a pas informé M. Rajaratnam pour qu'il puisse en vendre, et n'a pas partagé de profits en échange d'une information», a affirmé son avocat.

Mais selon le FBI, M. Gupta s'est «empressé» à plusieurs reprises de donner des informations confidentielles à M. Rajaratnam.

Le FBI cite notamment un appel du 23 septembre 2008 où M. Gupta avait téléphoné à M. Rajaratnam, 16 secondes après avoir appris que Berkshire Hathaway allait investir 5 milliards de dollars dans Goldman Sachs.

Il était 15h54. Quelques instants plus tard, deux minutes avant la clôture des marchés, Galleon achetait pour 27 millions de dollars d'actions de Goldman Sachs, avant de les revendre 24 heures plus tard avec un profit de 840.000 dollars, l'action ayant monté après l'annonce de l'investissement.

Ces partages d'informations confidentielles ont eu lieu «de 2008 à janvier 2009», selon le FBI. M. Gupta bénéficiait de ces informations «en tant que membre des conseils d'administration de Goldman Sachs et de Procter & Gamble, et comprenait que Rajaratnam utiliserait cette information pour acheter et vendre des titres».

M. Rajaratnam a été condamné début octobre à 11 ans de prison, la plus lourde peine jamais infligée aux Etats-Unis pour des délits d'initié. Ces derniers lui avaient rapporté quelque 72 millions de dollars, en gains et pertes évitées.

Dans le cadre de cette affaire tentaculaire, plus de 50 personnes ont été inculpées ou ont plaidé coupable depuis fin 2009.

Durant le procès de M. Rajaratnam en mai, le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, avait jugé que M. Gupta avait enfreint le code de confidentialité auquel sont tenus les membres du conseil d'administration.

«Il y avait des raisons légitimes pour les communications entre MM. Gupta et Rajaratnam», a affirmé l'avocat de M. Gupta. Il voulait avoir «des informations sur les 10 millions de dollars qu'il avait investis» dans un des fonds gérés par M. Rajaratnam. Il a perdu «la totalité de son investissement au moment des événements en question», a-t-il précisé.

M. Gupta, personnalité généralement appréciée, est un grand nom du monde des affaires aux Etats-Unis, et un philanthrophe renommé. Diplômé d'Harvard, il a notamment été directeur général de McKinsey de 1994 à 2003, et membre des conseils d'administration de Procter & Gamble et de Goldman Sachs. Il avait démissionné de ces deux mandats en 2010 en raison de sa mise en cause dans l'affaire Galleon.