La crise de la dette publique de la zone euro est facile à résoudre d'un point de vue économique, ont affirmé lundi les deux économistes américains lauréats du prix Nobel, Christopher Sims et Thomas Sargent, tout en reconnaissant la difficulté politique.

«Je pourrais dire qu'il n'y a pas de questions nouvelles pour la théorie économique avec l'Europe et l'euro», a déclaré M. Sargent lors d'une conférence de presse à Princeton (New Jersey, Nord-Est des États-Unis).

«La difficulté, c'est la politique», a-t-il estimé.

Ce chercheur a expliqué qu'il prônait de suivre la voie choisie par les États-Unis pour résoudre la crise budgétaire de ses treize États fondateurs après l'indépendance en 1776, qui décidèrent de restaurer leur crédibilité en unissant leurs budgets avec la Constitution de 1787.

«Nous sommes nés avec une solution déterminée aux problèmes auxquels est confrontée l'Europe actuellement. Et ce fut une solution globale, mise en oeuvre dans un certain ordre. Cela s'est fait de manière simultanée grâce à un processus qui ressemble à un miracle», a-t-il rappelé.

«Est-ce que quelque chose de ce genre pourrait se passer en Europe? Certainement», a-t-il indiqué.

Son confrère, M. Sims, a également plaidé pour le fédéralisme budgétaire en Europe.

«Mon point de vue est que si l'euro doit survivre, il faudra que la zone euro conçoive une manière de partager les fardeaux budgétaires et de relier la compétence budgétaire à la Banque centrale européenne (BCE) et son rôle de prêteur en dernier ressort», a-t-il dit.

Selon lui, «aujourd'hui, aucun de ces liens n'est clair et si ces liens restent aussi peu clairs et qu'ils (les Européens) essaient de revenir à un système où il n'y a de fait aucun pendant budgétaire à la BCE, les perspectives pour l'euro seront sombres».

M. Sims a rejeté l'idée que les problèmes de la zone puissent être résolus en faisant abandonner la monnaie unique aux États les plus faibles.

«L'idée selon laquelle les choses s'arrangeront en zone euro si tout simplement quelques pays la quittent est irréaliste. Cela pourrait se produire dans le cadre de l'évolution du système, mais ce n'est d'aucune manière un remède», a-t-il prédit.

Le lauréat du Nobel a estimé que plus généralement, les hommes politiques devraient consulter davantage les économistes.

«Il y a tout à fait la place pour que nous donnions des conseils aux responsables politiques (...) Mon point de vue est qu'une analyse macroéconomique technique, prudente, fondée sur des statistiques, est notre espoir pour nous sortir des difficultés actuelles», a-t-il avancé.