Deux semaines après Standard & Poor's, l'agence Moody's a sévèrement dégradé mardi soir la notation de l'Italie en raison des risques pesant sur le financement de sa dette colossale, de l'atonie de la croissance et des «incertitudes politiques».    

Alors que la plupart des analystes s'attendaient à une dégradation d'un ou de deux crans, Moody's a abaissé la note de l'Italie de trois crans à «A2» contre «Aa2» auparavant et l'a assortie d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait encore l'abaisser à l'avenir.

Réagissant à cette décision, le gouvernement de Silvio Berlusconi a cherché à minimiser en soulignant qu'elle était «attendue» et qu'il «était en train de travailler avec la plus grande détermination pour atteindre les objectifs de finances publiques».

La décision de Moody's s'explique en premier lieu par «l'accroissement des risques» pesant sur le financement de la dette colossale de plus de 1900 milliards d'euros du pays (environ 120% du PIB) alors que la crise de confiance dont l'Italie souffre a propulsé ses taux obligataires à des niveaux records.

Si pour l'agence, «le risque d'un défaut (de paiement) de l'Italie reste lointain», elle souligne néanmoins que la méfiance des investisseurs provoque une augmentation de la «vulnérabilité» de l'Italie dans son accès au marché à des taux soutenables.

Selon Moody's, l'Italie est en outre pénalisée par un assombrissement des ses perspectives de croissance en raison de «lacunes structurelles», comme la faible productivité et la rigidité du marché du travail, et d'un «affaiblissement des perspectives (de croissance) au niveau mondial».

Le gouvernement, qui a revu fortement en baisse il y a deux semaines ses prévisions de croissance, doit adopter d'ici la mi-octobre des mesures pour tenter de la relancer, mais le patronat et une grande partie des économistes craignent qu'elles ne manquent d'ambition.

Enfin, pour l'agence de notation, les «incertitudes politiques et économiques» font peser un risque sur la mise en oeuvre des mesures de rigueur afin d'atteindre les objectifs de réduction du déficit fixés par le gouvernement et notamment un retour à l'équilibre budgétaire dès 2013.

Moody's, qui avait entamé mi-juin son examen de la notation de l'Italie, devait initialement rendre sa décision mi-septembre, mais avait décidé de se donner un peu plus de temps.

Cette dure sanction de l'agence intervient deux semaines après celle de Standard & Poor's, qui a abaissé la note italienne d'un cran à A contre A+ en raison des faibles perspectives de croissance du pays et de la «fragilité» du gouvernement. S&P a été la première agence de notation à déclasser l'Italie depuis le début de la crise de la dette.

Désormais, les notes attribuées à l'Italie par les deux agences sont au même niveau.

Malgré l'adoption le 14 septembre d'un plan de rigueur draconien devant permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette, l'Italie ne parvient pas à rassurer les marchés.

Les investisseurs doutent de la crédibilité du gouvernement de Silvio Berlusconi, dont l'affaiblissement et la division ont été mis en lumière par les tergiversations qui ont émaillé la mise au point du dernier plan d'austérité.

Pour ne rien arranger, le Cavaliere est empêtré dans un nouveau scandale de prostitution et les appels à sa démission se multiplient dans le pays, au sein de l'opposition et du patronat.

«Le déclassement (de Moody's) est un coup de massue. L'Italie mérite mieux que cette notation, mais s'il n'y a pas de changement (politique), la méfiance risque de nous tirer vers le fond», a lancé Pierluigi Bersani, chef du Parti démocrate, la principale formation de l'opposition de gauche.