La zone euro va tenter lundi de parachever le second plan d'aide à la Grèce et envisage de décupler la puissance de feu de son Fonds de secours financier (FESF), alors que les marchés boursiers chutent de nouveau en raison des perspectives budgétaires pires que prévu en Grèce.

Les ministres des Finances de l'Union monétaire se réunissent à Luxembourg à partir de 15h00 GMT (11h00 à Montréal) dans une atmosphère tendue.

La Grèce a rallumé les craintes de défaut de paiement sur les places boursières mondiales en annonçant dimanche soir que son déficit public sera certes ramené à 8,5% du PIB en 2011, mais restera du coup au-delà de l'objectif initial de 7,4%.

Le gouvernement grec a aussi reconnu lundi qu'il ne serait pas en mesure de respecter l'objectif de réduction de son déficit à 6,5% du PIB en 2012. Il pense pouvoir atteindre 6,8%.

Selon les chiffres du projet de loi de finances présenté au Parlement, la dette grecque devrait atteindre 172,7% du Produit intérieur brut, soit 371,9 milliards d'euros.

Les Bourses européennes étaient en net repli dans la matinée, dans le sillage des places asiatiques.

Athènes met pourtant les bouchées doubles pour satisfaire les exigences de ses bailleurs de fonds, au prix d'un fort mécontentement social.

Le projet de budget 2012 qui passe par une réduction drastique du secteur public doit être déposé au Parlement grec dans la journée.

En multipliant les concessions, Athènes espère obtenir le versement courant octobre de 8 milliards d'euros de prêts promis dans le cadre de son premier plan de sauvetage. Sans cet argent, la faillite de la Grèce pourrait intervenir dans les semaines qui viennent.

Les efforts du pays seront scrutés lundi par les grands argentiers de la zone euro, réunis au sein de l'Eurogroupe, puis par ceux de toute l'Union européenne mardi, mais aucune décision n'est à attendre à ce stade.

Dans l'immédiat, ils veulent chercher à lever les obstacles retardant la mise en oeuvre du second plan d'aide au pays, décidé en juillet et composé de 109 milliards d'euros de prêts internationaux, auxquels s'ajoutera une contribution des banques créancières.

Ce plan bute notamment sur l'exigence de la Finlande d'obtenir des garanties en échange de nouveaux prêts et sur les tergiversations de la Slovaquie pour approuver le renforcement du FESF.

L'instrument, qui a déjà servi à aider l'Irlande et le Portugal, doit voir ses compétences élargies et être mis à contribution pour aider la Grèce, en allégeant sa dette et en soutenant son secteur bancaire.

Pour l'instant, trois pays de la zone euro n'ont pas encore approuvé ces changements, dont la Slovaquie, qui pose le plus de difficultés. Une réunion de la coalition au pouvoir à Bratislava se tient mardi pour tenter de fixer une date de vote.

L'enjeu est important, car les dirigeants de la zone euro souhaitent boucler le renforcement de leur Fonds de secours avant la tenue d'un sommet européen mi-octobre, alors que la pression de leurs partenaires croît. Le premier ministre britannique David Cameron a jugé dimanche que la crise de la zone euro «représente une menace pour l'économie mondiale» et exhorté ses dirigeants à «relever leurs manches».

L'Eurogroupe envisage déjà d'aller plus loin que ce qui était prévu en musclant le FESF sans pour autant le doter de davantage de fonds, ainsi que le réclament avec insistance les États-Unis en particulier, même si cela pourrait peser sur la notation de certains pays de l'Union monétaire.

«Les experts réfléchissent activement à l'heure actuelle aux moyens de renforcer le FESF via un effet de levier ou d'autres mesures», a confirmé la ministre des Finances autrichienne Maria Fekter dans une interview lundi au quotidien allemand Die Welt.

«Il serait irréaliste d'attendre une extension du FESF lui-même, mais je suis personnellement ouvert à tout schéma qui permettrait aux accords actuels d'être étendus de façon à permettre une plus grande capacité d'intervention», a aussi dit le gouverneur de la Banque de France, à Tokyo.

Plusieurs scénarios circulent: le FESF pourrait se transformer en banque et s'approvisionner auprès du guichet de la Banque centrale européenne (BCE) sans aucune limite.

Autre éventualité, il pourrait jouer le rôle d'assureur auprès des détenteurs de titres de dette et couvrir leurs pertes à hauteur de 20-25% si un Etat faisait défaut ou encore, servir à garantir les rachats de dette publique effectuées par la BCE. Encore faudrait-il que l'institut monétaire accepte de remplir cette mission, effectuée jusqu'ici à contrecoeur.

- Avec Associated Press