À l'orée d'une semaine sous haute tension pour la zone euro, la Commission européenne donnait l'impression de vouloir infléchir la stratégie d'une Europe désordonnée face à la crise de la dette publique, ce qui rassurait les marchés financiers.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a déclaré au quotidien allemand Die Welt que l'Europe envisageait de muscler sa réponse à la crise de la dette souveraine en étudiant un renforcement de son Fonds européen de stabilité financière (FESF), censé aider les pays en difficulté.

Après avoir longtemps tergiversé, les dirigeants européens se sont aussi résolus à recapitaliser certaines banques, selon M. Rehn, étape nécessaire au rétablissement du secteur financier européen.

De Londres à Paris, les places financières saluaient ces annonces, après un début de séance difficile. À la mi-journée, la Bourse de Francfort 2,23% gagnait, celle de Madrid 2,58%, Milan 3,05%, Paris 2,02% et Londres 0,55%.

Les valeurs bancaires étaient particulièrement en verve. Les titres des banques françaises BNP Paribas gagnaient 7,70%, Société Générale 7,03% et Crédit Agricole 6,51%.

La valeur refuge classique, l'or, chutait de plus de 130 dollars lundi sur les marchés.

«On a besoin de sentir que quelqu'un reprend les commandes en zone euro», a résumé à l'AFP Frederik Ducrozet, économiste chez Credit Agricole. «Il faut qu'il y ait un leadership à court terme», insiste-t-il.

«Nous réfléchissons à la possibilité de doter le FESF d'un effet de levier plus important pour lui conférer plus de force», a déclaré Olli Rehn.

Le FESF, créé au printemps 2010, a été autorisé le 21 juillet dernier à racheter de la dette publique d'États en difficulté sur le marché dit «secondaire», où elle s'échange entre investisseurs.

Mais avec l'aggravation de la crise, qui affecte désormais des pays comme l'Italie et l'Espagne, troisième et quatrième économies de la zone euro, beaucoup pensent qu'il faut aussi renforcer ses ressources, limitées à 440 milliards d'euros.

Parmi les idées évoquées: des garanties fournies par le Fonds de secours européen à la Banque centrale européenne afin qu'elle puisse soutenir davantage l'Italie et l'Espagne en rachetant des montants plus importants de leurs obligations sur le marché. Ce qui permettrait de constituer une digue autour de ces deux pays.

La Russie s'est dite prête lundi à acheter des obligations du FESF et à allouer au Fonds monétaire international (FMI) des moyens supplémentaires pour soutenir les pays de la zone euro.

Seul hic pour le FESF, l'accord étendant ses pouvoirs est en cours de ratification par les dix-sept Parlements nationaux de la zone euro, un processus qui devrait être achevé à la mi-octobre.

«Il faut mettre en place le FESF le plus tôt possible pour ramener la confiance», juge Cédric Thellier, économiste chez Natixis.

Jeudi, le vote du Parlement allemand, le Bundestag, est très attendu car l'Allemagne est le plus gros contributeur aux plans d'aide européens.

«On n'exclut rien. Cette incertitude politique va peser sur les marchés», prévient Frederik Ducrozet.

Dans sa tentative de restaurer la confiance, l'Europe admet désormais sans équivoque qu'il va lui falloir renflouer certaines banques, dont la solidité financière est remise en cause par les marchés.

«Nous devons assortir le travail de réparation du secteur financier d'une recapitalisation des banques», a insisté lundi M. Rehn.

En France, où les établissements financiers sont en première ligne, le gouvernement a toutefois démenti avoir proposé notamment aux banques BNP Paribas, Société Générale, et Crédit Agricole de les renflouer à hauteur de 10 à 15 milliards comme l'évoque la presse.

Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP que l'État français avait évoqué mi-septembre avec les banques leur capitalisation.

En Grèce, les bailleurs de fonds du pays -Commission et Banque centrale européennes, Fonds monétaire international- doivent revenir cette semaine à Athènes pour réaliser un audit fiscal, afin de déterminer si le pays peut encore échapper au défaut de paiement.

L'enjeu en est le déblocage en octobre - vital pour la Grèce - de la sixième tranche de huit milliards d'euros du prêt consenti en mai 2010 par la zone euro et le FMI.

Pour Cédric Thellier, «il faut des messages clairs en cette période trouble».