La Grèce a repris en soirée ses négociations avec ses créanciers pour éviter un défaut de paiement, alors que la zone euro était de nouveau ébranlée par les craintes de contagion de la crise de la dette après la baisse de la note de crédit de l'Italie.

Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, a repris à 14H00 HAE des entretiens en téléconférence avec les chefs de mission de la «troïka» des créanciers du pays -- Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international -- , a indiqué son ministère.

De l'issue de ce nouveau round de négociations, après un premier rendez-vous lundi soir, dépend le versement en octobre -- vital pour la Grèce -- de la sixième tranche de 8 milliards d'euros du prêt consenti en mai 2010 au pays par la zone euro et le FMI.

Laissant présager d'un accord, les services du premier ministre, Georges Papandréou, ont annoncé une réunion ministérielle pour mercredi matin.

Selon une source du ministère, ce conseil vise à avaliser, avant une annonce prévue plus tard dans la journée, les mesures convenues entre la Grèce et ses créanciers pour réaliser les économies budgétaires prescrites et accélérer les réformes structurelles.

Les prévisions rendues publiques plus tôt dans la journée par le FMI  tablent sur un total respect par les Grecs des exigences de leurs créanciers, avec un déficit public révisé à 8 % du PIB contre 7,6 % prévu, l'écart découlant de la récession, plus grave que prévue (-5 %) et non d'un quelconque relâchement.

Une discipline budgétaire d'autant plus impérative que le FMI a fortement relevé sa prévision pour le pic de la dette publique de la Grèce, à 189 % du PIB en 2012 contre 172 % dans sa projection précédente de juin.

De quoi justifier, avec la dégradation de l'Italie, la relance des inquiétudes sur la gestion par la zone euro de la crise de la dette.

L'agence américaine Standard & Poor's a abaissé d'un cran à «A», contre «A+» la note de la dette à long terme de l'Italie, en raison de la fragilité de la coalition au pouvoir et de l'importante dette du pays. Elle a maintenu sa note sous «perspective négative», ce qui signifie qu'elle pourrait encore la dégrader à court ou moyen terme.

Cette décision ne remet toutefois pas en cause à moyen terme la solvabilité de Rome, troisième économie de l'Union monétaire.

«C'est un non-événement, car on l'avait anticipé», a commenté l'économiste Cédric Thellier chez Natixis. Mais «c'est le moment de prendre à bras-le-corps des problèmes - compétitivité - qu'on a repoussés depuis longtemps pour éviter un scénario à la grecque», ajoute-t-il.

Face à un endettement de 1 900 milliards d'euros, équivalant à 120 % de son produit intérieur brut (PIB), l'Italie a adopté la semaine dernière un plan d'austérité draconien de 54,2 milliards d'euros, mais sans vraiment convaincre.

Comme avec Athènes, la Commission européenne a du coup insisté mardi sur la nécessité pour l'Italie de dégager un «consensus politique national» et d'obtenir le soutien des «partenaires sociaux» au programme de rétablissement des comptes publics.

Les bourses européennes et Wall Street ont toutefois repris des couleurs, avec l'espoir d'une issue en Grèce, les craintes de contagion se déplaçant sur le marché obligataire, où l'Espagne a payé des taux en hausse pour se refinancer à 12 et 18 mois mardi. La Grèce a quant à elle enregistré un taux stable pour une émission à trois mois.

L'agence de notation Fitch Ratings a estimé qu'une sortie de la zone euro d'un de ses États membres était improbable en jugeant que les jalons d'une solution existent déjà, autour d'une plus grande coordination des politiques économiques au sein de la zone euro, et un mécanisme commun pour faire respecter la discipline budgétaire.

Reste que la fébrilité persiste, avec des questions sur la solidité du secteur bancaire européen.

La Commission européenne a ainsi estimé, avec le FMI qu'une nouvelle recapitalisation des banques européennes serait «peut-être nécessaire» en raison de l'aggravation de la crise.