Sous pression des marchés, l'Italie se tourne à son tour vers la Chine en vue d'un possible achat de dette par le géant asiatique, qui s'est déjà engagé à soutenir d'autres pays européens fragiles, mais les analystes n'y voient pas un moyen de résoudre la crise.

Le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, a rencontré la semaine dernière à Rome une délégation chinoise menée par le patron du fonds souverain China Investment Corp., Lou Jiwei, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère.

Ce porte-parole a en revanche refusé de donner tout détail sur le contenu de ces discussions. Mais selon le Financial Times, elles auraient porté sur l'achat par Pékin d'obligations italiennes et sur l'éventuelle prise de participations dans des entreprises stratégiques de la péninsule.

Début août, le directeur général du Trésor italien, Vittorio Grilli, s'était rendu de son côté en Asie pour rencontrer des investisseurs susceptibles d'acheter des obligations italiennes.

Si l'annonce de ces discussions a contribué au rebond de Wall Street lundi et à celui des Bourses européennes mardi matin, la tendance s'est ensuite inversée en raison de rumeurs indiquant que Pékin ne serait finalement pas prête à acheter de la dette italienne.

Malgré un plan de rigueur de 54,2 milliards d'euros, qui doit être adopté définitivement mercredi, et le rachat de dette par la Banque centrale européenne (BCE), l'Italie ne parvient pas à d'extraire de la ligne de mire des marchés.

Lundi et mardi, les taux d'intérêts payés par Rome pour financer sa dette se sont envolés à des sommets lors d'émissions obligataires.

Pékin a réaffirmé mardi sa «confiance» dans l'euro» et fait part de sa volonté d'«étendre» sa «coopération financière» avec l'Europe, mais sans donner aucune indication sur la hauteur de son engagement dans les pays fragiles de la zone euro.

Assise sur plus de 3000 milliards de dollars de réserves de change, les plus importantes du monde, la Chine en investit une part grandissante dans des actifs en euros et s'est déjà engagée à soutenir la Grèce, l'Espagne ou le Portugal.

Selon la presse, elle possèderait déjà 4% de la dette italienne, qui s'élève à plus de 1.900 milliards d'euros (120% du PIB) et est détenue à environ 50% par les Italiens, le reste étant en premier lieu entre les mains d'investisseurs européens, puis asiatiques et enfin américains.

Pour Yin Zhentao, économiste de l'Académie des sciences sociales, Pékin pourrait profiter du bas prix des obligations italiennes pour investir encore en vue de renforcer à terme sa présence en Europe.

Si la crise a une issue heureuse, «les obligations italiennes pourraient s'avérer de bonnes affaires» et en retour, les pays européens «pourraient se montrer plus ouverts dans des domaines comme le commerce et l'investissement», estime l'économiste.

Mais que Pékin renforce ou pas ses achats de dette italienne ne résoudra pas la crise de confiance à laquelle fait face l'Italie, selon les analystes.

«Je n'y accorderais pas beaucoup d'importance. Le problème n'est pas qui vend ou qui achète les obligations italiennes. Nous avons déjà la BCE sur le marché et cela n'a pas permis de freiner la montée du risque pour l'Italie», souligne Marco Ricci de Centrosim.

«Ce n'est pas cela qui va résoudre (la crise), les problèmes sont à la racine. L'Italie va devoir fournir plus d'efforts pour stimuler la croissance et tant que nous ne verrons pas un engagement fort sur ce front, les tensions se calmeront difficilement», renchérit Chiara Corsa, d'UniCredit.