Ébranlés par une semaine éprouvante, les marchés financiers attendent avec impatience la réunion au sommet entre l'Allemagne et la France mardi, qui doit les rassurer sur la situation en zone euro, mais sans attendre monts et merveilles quant à des solutions concrètes.

Cette réunion constitue un rendez-vous crucial pour les marchés qui ont amorcé un rebond après avoir chuté durant plusieurs séances, craignant que la dette colossale aux États-Unis et en Europe ne condamne la croissance.

L'inquiétude des investisseurs est particulièrement vive quant à la crise de la dette en zone euro, dont ils redoutent qu'elle ne s'étende à des pays comme l'Espagne et l'Italie.

C'est dans ce contexte que la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy doivent se retrouver à Paris mardi, pour échanger sur la gouvernance dans la zone euro et se mettre d'accord sur des positions communes.

Un porte-parole de la chancelière Angela Merkel a toutefois déjà calmé les ardeurs des marchés en prévenant qu'il ne fallait pas attendre du sommet une issue «spectaculaire».

Cette rencontre est d'autant plus importante que ni le sommet européen du 21 juillet sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce, ni les déclarations politiques du G20 ou G7 ces dernières semaines n'ont suffi à rassurer les marchés.

«La réunion (franco-allemande, ndlr) ne va probablement pas déboucher sur des accords décisifs, mais permettra au moins de montrer que les politiques sont déterminés à sauver la zone euro», explique Jane Foley, analyste chez Rabobank.

De la détermination, mais peut-être pas beaucoup plus, comme le résume un économiste d'une grande banque à Francfort, qui veut «mettre en garde contre des attentes trop fortes».

Pour la plupart des analystes, l'objet de la rencontre est avant tout de discuter des garde-fous plus ou moins contraignants à mettre en place pour limiter l'endettement des pays de la zone euro, dans le cadre d'un éventuel renforcement du pacte de stabilité.

Selon Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities, «les Allemands veulent le bâton après la carotte. Le thème de la sanction sera certainement abordé, notamment pour les pays qui sont réfractaires à l'idée de faire plus d'efforts».

Le marché ne s'attend en revanche pas à l'annonce de mesures concrètes, d'autant que le thème des euro-obligations ne sera pas abordé lors du sommet.

En outre, l'élargissement du Fonds européen de stabilisation financière (FESF), qui permet de voler au secours des pays les plus en difficulté et dont le rôle a été renforcé en juillet, ne sera voté par les Parlements nationaux qu'à partir de fin août.

«Le gouvernement allemand veut concentrer son attention et son énergie sur l'approbation par le Bundestag en septembre des réformes décidées en juillet», souligne l'économiste à Francfort, alors que le Parlement allemand pense ne pas pouvoir tenir les délais prévus.

Reste que le monde financier demande toujours plus aux dirigeants, ce qui fait dire à Thomas Mayer, économiste en chef de Deutsche Bank que «les marchés sont beaucoup plus rapides que la politique», voire qu'ils la mènent «par le bout du nez».

Pour éviter cette escalade et aller au-delà des réponses à court terme, nombre d'analystes estime qu'une Europe davantage intégrée est le moyen le plus sûr de déjouer la crise de la dette et sa contagion.

«On ne peut pas être dans une union monétaire sans un minimum d'union politique et laisser les États faire ce qu'ils veulent dans leur coin», pour M. Marçais.

Plusieurs pays européens, dont la France, voudraient faire un premier pas dans cette direction en accordant plus de pouvoir au président de l'UE afin qu'il devienne de facto le porte-parole de la zone euro.