Silvio Berlusconi s'est engagé mercredi à faire adopter d'ici au 18 août de nouvelles mesures d'économie, sous la pression intense de la BCE, qui a accordé un répit à l'Italie en rachetant une partie de sa dette mais a exigé en contrepartie une cure d'austérité plus sévère.

«Avec le ministre (des Finances Giulio) Tremonti, nous avons pris l'engagement de convoquer un conseil des ministres d'ici au 18 août et peut-être que nous réussirons à en avancer la date», a indiqué M. Berlusconi lors d'une rencontre mercredi avec les partenaires sociaux, selon des participants.

Le gouvernement entend recourir à la procédure plus rapide du décret-loi. «Nous devons faire vite, nous avons pris des engagements forts», a souligné le chef du gouvernement italien.

L'Italie, qui ploie sous une énorme dette (120% du PIB) et dont la croissance est poussive depuis une dizaine d'années, s'est engagée vendredi dernier à atteindre l'équilibre budgétaire dès 2013 au lieu de 2014.

Le Cavaliere a aussi rappelé mercredi que Rome voulait insérer au plus vite dans la Constitution la règle d'or de l'équilibre des comptes publics, soulignant que «le travail est déjà en cours».

Les nouvelles mesures doivent permettre d'économiser 20 milliards d'euros de plus que la cure d'austérité de 48 milliards d'euros sur trois ans adoptée à la mi-juillet par le parlement.

Elles ne sont pas connues et jusqu'à présent, MM. Berlusconi et Tremonti ont uniquement annoncé l'anticipation d'un an de la réforme des aides sociales (pensions d'invalidité, de réversion, congé maternité). Jeudi matin, le ministre de l'Economie, Giulio Tremonti, doit présenter un programme détaillé au Parlement.

Selon la presse de mercredi, le gouvernement envisage de tailler dans les retraites, de privatiser des sociétés municipales de services publics (gaz, électricité, transports), de céder des participations dans de grandes entreprises.

Parmi les autres idées explorées figurent la création d'un impôt sur les grandes fortunes, une hausse des taxes sur la résidence secondaire et les transactions financières, une réforme du droit du travail pour faciliter les licenciements.

Autant de mesures exigées explicitement par la BCE dans une lettre «secrète» envoyée par Jean-Claude Trichet au Cavaliere révélée lundi par le journal Corriere della Sera. La lettre dicte les «mesures à prendre, le calendrier d'application et même les outils législatifs à utiliser», en échange du rachat par la BCE d'une partie de la dette italienne.

L'idée de s'en prendre aux retraites est combattue par le parti de la Ligue du Nord, allié indispensable à la survie politique du gouvernement du Cavaliere. «On ne touche pas aux retraites des travailleurs (...) La stabilité ne doit pas se faire aux dépens des plus faibles», a mis en garde le chef de la Ligue, Umberto Bossi.

M. Berlusconi est pour sa part opposé à une imposition du patrimoine. «Il s'agit d'un impôt de gauche, mon gouvernement ne peut pas l'approuver. Je préfère encore démissionner», a-t-il protesté, selon des propos rapportés par les médias mercredi.

Face à cette quadrature du cercle, les débats promettent d'être tendus, d'autant que les syndicats et l'opposition de gauche sont sur le pied de guerre et ont averti qu'ils ne laisseraient pas la classe moyenne supporter tout le poids de la cure d'austérité.

Autre mesure évoquée, la réduction des «coûts de la politique», notamment grâce à la réduction du nombre de parlementaires, mais aussi la disparition des provinces (départements) les plus petites.

Signe d'un certain regain de confiance dans son économie, l'Italie a émis sans problème mercredi 6,5 milliards d'euros d'obligations à un an dont le taux d'intérêt a fortement baissé.

Pour Chiara Cremonesi, analyste pour la banque italienne UniCredit, les «mesures d'austérité (...) constituent un élément positif, mais il faudra voir concrètement comment le gouvernement compte agir».