L'Espagne a assuré mardi être «très loin d'avoir besoin» d'un sauvetage économique alors que la banque centrale européenne a dû voler au secours du pays, attaqué sur les marchés financiers inquiets de la crise de la dette en Europe.

Les places financières, qui ont connu une semaine noire, craignent que l'Italie et l'Espagne ne soient les prochaines victimes de cette crise face à la difficile mise en oeuvre du plan de sauvetage de la Grèce du 21 juillet.

«Les déclarations de tous les représentants institutionnels sont les mêmes, que l'Espagne et nos fondamentaux sont très loin d'avoir besoin d'un sauvetage. Ce qu'il y a, c'est une instabilité sur les marchés de la dette», a affirmé la ministre de l'Économie Elena Salgado sur la radio privée Onda Cero.

D'ailleurs, «le marché de la dette s'est stabilisé en Europe (...) et ceci a été une bonne nouvelle», a-t-elle ajouté.

Elle a évoqué une réunion «sans doute» début septembre des pays européens. «J'espère qu'elle ne sera pas nécessaire avant, mais si c'était le cas, nous y sommes tous disposés», a-t-elle ajouté à la radio privée Onda Cero.

Après avoir traîné des pieds, la Banque centrale européenne (BCE) a fini par annoncer dimanche soir qu'elle allait acheter davantage de dette publique de pays de la zone euro en difficulté sur le marché secondaire, là où s'échangent les titres déjà émis.

Cette annonce a immédiatement fait baisser les taux des obligations de ces pays qui avaient atteint des niveaux record la semaine précédente, se traduisant par un coût exorbitant pour les pays qui se financent sur les marchés.

Mais la BCE a clairement posé des conditions à cette aide. Son président Jean-Claude Trichet l'a d'ailleurs clairement affirmé mardi.

«Ce que nous attendons, c'est que les gouvernements fassent ce que nous considérons être leur travail, à la hauteur de leurs responsabilités», a-t-il déclaré à la radio française Europe 1.

Premier point: au-delà des engagements, la BCE attend des mesures concrètes des Etats pour réduire leurs déficits. «Nous avons demandé de manière extrêmement claire dans les derniers jours au gouvernement italien de prendre un certain nombre de décisions qui ont été prises, et d'accélérer en particulier le retour à une situation budgétaire normale. Nous avons demandé la même chose au gouvernement espagnol», a affirmé M. Trichet.

Sur ce point, Elena Salgado a défendu un nouveau plan annoncé dimanche qui devrait rapporter 4,9 milliards d'euros supplémentaires.

L'Espagne prévoit d'augmenter ses recettes de 2,5 milliards d'euros dès cette année au moyen d'une réforme de l'impôt sur les grandes sociétés, qui doit être détaillée d'ici la fin du mois. L'assurance-maladie économisera quelque 2,4 milliards supplémentaires en augmentant les achats de médicaments génériques.

Ce plan s'ajoute aux réformes déjà lancées du marché du travail, du secteur bancaire et des retraites.

Deuxième point: M. Trichet a appelé à appliquer rapidement les décisions prises lors du sommet européen du 21 juillet, parmi lesquelles figurait le rachat de dette publique en circulation par le Fonds de soutien européen (FESF).

Mais de nombreux analystes estiment que cette solution est encore incomplète, car la taille du fonds ne permet pas actuellement de venir en aide à l'Italie ou à l'Espagne, troisième et quatrième économies de la zone euro.

Or, l'Italie et l'Espagne ont encore connu une croissance poussive au deuxième trimestre, talon d'Achille de ces deux pays qui complique leur assainissement budgétaire.

L'Espagne a une dette moins élevée que l'Italie (63,6% du PIB au premier trimestre) mais son déficit public s'est en revanche élevé à 9,24% du PIB fin 2010. Elle s'est engagée à le réduire à 6% cette année et vise 2,1% en 2014.

Sous la pression du gouvernement, les 17 régions espagnoles, dont certaines ont laissé filé leur endettement, se sont engagées récemment à limiter leurs budgets et leurs déficits.