L'agence d'évaluation financière Moody's considère comme «prématuré» un éventuel abaissement de la note des États-Unis, a affirmé un de ses analystes au New York Times dimanche, tandis qu'un responsable de l'agence Fitch disait qu'il fallait encore y réfléchir.

«Nous avons pensé qu'un abaissement de la note serait prématuré étant donné qu'ils les parlementaires américains sont parvenus à un plan de réduction du déficit», a déclaré au quotidien américain Steven Hess, le principal analyste chargé de la note des États-Unis.

Moody's a confirmé mardi la note «Aaa» attribuée à la dette publique du pays, mais a prévenu qu'elle pourrait être abaissée, en faisant passer de «stable» à «négative» la perspective sur cette note.

«Malgré le contexte politique conflictuel et les difficultés à trouver un accord, même si ce n'est pas l'accord idéal, ils ont tout de même conclu un accord que nous considérons comme un tournant dans la politique budgétaire», a expliqué M. Hess, commentant la loi de «contrôle du budget» votée par le Congrès mardi.

Jugeant cet accord «insuffisant», la concurrente de Moody's, Standard and Poor's, a émis un avis différent et abaissé vendredi la note des États-Unis, d'un cran à «AA+», pour la première fois de leur histoire.

La troisième grande agence de notation, Fitch Ratings, n'a pas encore tranché. Selon le New York Times, les analystes chargés des États-Unis ont poursuivi leur travail et leurs calculs samedi.

Le directeur de la notation des États, David Riley, s'est refusé à dire quand une décision serait prise. «Notre note reste 'triple A' jusqu'au jour où elle changera», a-t-il dit.

Mais d'après le New York Times, il a reconnu que même si Fitch confirmait comme Moody's son «AAA», la perte de ce «AAA» chez Standard and Poor's aurait des conséquences importantes. «La décision de S&P a déjà affaibli le profil d'emprunteur des États-Unis», a-t-il souligné.

Le président du comité de notation des États de Standard and Poor's, John Chambers, a une nouvelle fois justifié cette décision dimanche.

«Je pense que le temps aidant, les gens finiront par s'apercevoir que le rang des États-Unis en tant qu'emprunteur n'est vraiment pas tout à fait le même que les pays que nous notons AAA», a-t-il déclaré lors d'un entretien sur la chaîne de télévision ABC.

Il a dressé un parallèle avec le Japon, qui a perdu son «AAA» chez S&P en 2001, trois ans après l'avoir perdu chez Moody's.

«Il y a dix ans, nous avons abaissé la note du Japon. Ils sont alors la deuxième économie mondiale. Ils ont aussi une monnaie de réserve. Ce n'est pas la devise numéro un, mais c'est une monnaie de réserve. Et je pense que la plupart des gens sont d'accord avec cet abaissement de note», a relevé M. Chambers.

Il a ajouté que la note des États-Unis ne devrait pas bouger dans l'immédiat, sauf «si l'état des finances publiques des États-Unis se dégrade encore ou si le blocage politique devient encore plus insoluble».

«Techniquement parlant elle n'est pas sous surveillance. Nous avons une perspective négative, qui donne un cadre temporel plus long, de 6 à 24 mois», a expliqué le dirigeant de S&P.

Dans le langage de l'agence, «la perspective indique qu'il y a au moins une chance sur trois que la note soit abaissée sur cette période», a-t-il rappelé.

M. Chambers s'est dit optimiste sur la capacité de la commission bipartite à trouver de nouvelles sources de réduction du déficit. «Je pense qu'ils tiendront leurs promesses», a-t-il confié, rappelant que la précédente commission de ce type avait fait «plein de recommandations sensées» en 2010.