Barack Obama a tenté d'introduire une note d'optimisme samedi dans les négociations au Congrès pour éviter avant mardi un défaut de paiement des États-Unis, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'économie mondiale.

Dans son discours hebdomadaire, le président a répété que les deux parties n'étaient «pas si loin l'une de l'autre», mais il a averti qu'il restait «peu de temps». Il a souligné la nécessité d'un accord qui ait «le soutien des deux partis qui ont été envoyés (au Congrès) pour représenter le peuple américain, et non pas seulement d'une fraction d'un parti».

Samedi, les deux chambres du Congrès devaient se lancer dans un nouveau week-end marathon pour tenter de trouver un accord avant mardi 2 août -- date butoir fixée par le Trésor -- pour relever le plafond de la dette de 14.294 milliards de dollars et engager en même temps une politique de réduction des déficits.

Vendredi, le Sénat a rejeté un texte des républicains de la Chambre pour relever le niveau d'endettement autorisé et pris des mesures pour pousser son propre plan.

En réponse, la Chambre doit rejeter lors d'un vote symbolique à 13h samedi, un plan des démocrates du Sénat élaboré par le chef de la majorité démocrate, Harry Reid.

Pour tenter d'attirer des voix à droite, M. Reid a diffusé vendredi soir une nouvelle version de son plan avec des mesures «suggérées» par les républicains.

Il a aussi pris des mesures pour programmer un premier vote au Sénat ce week-end afin de tenter de faire adopter un texte et éviter un défaut de paiement.

«J'ai demandé à mon ami, le leader républicain (Mitch McConnell) de négocier et il a choisi de ne pas le faire», a déploré M. Reid. Mais des discussions informelles doivent se poursuivre samedi au Capitole entre les deux leaders en vue d'obtenir un accord de dernière minute.

La Chambre des représentants avait adopté le plan républicain par 218 voix contre 210 peu avant le vote du Sénat vendredi.

«Maintenant que cette nouvelle manoeuvre politique est derrière nous, au moment où le temps vient à manquer, les chefs (du Congrès) doivent commencer à travailler ensemble immédiatement», avait affirmé dans un communiqué le porte-parole du président Obama, Jay Carney.

L'initiative semblait avoir basculé du côté du Sénat vendredi avec le plan de M. Reid. Dans son ultime version, le plan économiserait 2.400 milliards de dollars sur 10 ans, contre 2.200 initialement, et relèverait suffisamment le plafond de la dette pour tenir jusqu'en 2013. Les républicains, eux, insistent sur un plan en deux étapes: un premier relèvement avant le 2 août et un deuxième début 2012, soit en pleine campagne électorale.

Si les deux partis ont fait des concessions au fil des négociations, leurs philosophies politiques restent largement opposées. D'un côté les républicains réclament des baisses d'impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l'autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d'efforts fiscaux de la part des plus riches.

Si aucun projet de loi pour relever le plafond de la dette n'est envoyé à la Maison-Blanche avant le 2 août, il ne restera que quelques jours à l'administration pour payer ses factures avant d'épuiser ses réserves d'argent, selon les analystes.

L'ancien secrétaire adjoint au Trésor sous l'administration de George W. Bush, Neel Kashkari, qui a été confronté à la situation créée par l'effondrement de la grande banque d'affaires Lehman Brothers, a estimé que le contexte économique était pire en septembre 2008 qu'à l'heure actuelle, mais que l'économie américaine demeurait fragile.

«Ces facteurs indiquent qu'un abaissement de la notation américaine serait aussi mauvais, voire peut-être pire que le choc Lehman», écrit M. Kashkari vendredi dans le Washington Post.

L'agence d'évaluation financière Moody's a précisé vendredi qu'elle donnait aux États-Unis plus d'une chance sur deux de conserver la note «Aaa» attachée à leur dette publique, en cas de désaccord persistant sur le relèvement du plafond.

Selon un sondage publié par l'institut Gallup, l'impasse budgétaire entame la popularité du président Obama, qui est tombée à 40% contre 50% début juin.